Les éleveurs dans les secteurs de la volaille et du camelin ont enregistré des pertes considérables depuis le début de la canicule. Plusieurs centaines de milliers de têtes dans la filière avicole à cause de maladies, et plus 300 têtes dans la filière du camelin. Le ministère de l’Agriculture dit ne pas être avisé. Une semaine caniculaire et des dégâts enregistrés. Météo Algérie annonce aussi d’autres températures qui dépassent la moyenne saisonnière. Les éleveurs et les agriculteurs crient à la perte. Ils ont enregistré des pertes énormes dans plusieurs régions du pays. Au Centre, c’est la filière avicole qui a enregistré des pertes considérables. Uniquement dans la wilaya de Bouira, les éleveurs évoquent la perte de 65 000 poulets de chair, mais selon les vétérinaires joints par téléphone, celle-ci est beaucoup plus importante et les chiffres sont estimés à plusieurs centaines de milliers de poulets. «Il y a eu plusieurs centaines de milliers de poulets morts durant le mois de juillet. Le dispositif de prévention est défaillant et il est urgent de mettre en place de nouvelles techniques de prévention pour éviter ces pertes», alerte Amanzougaren Mohamed, vétérinaire et praticien dans la wilaya de Bouira. «Il s’agit de la maladie de Newcastle et la bronchite infectieuse qui ont un impact beaucoup plus important sur l’élevage de poulettes reproductrices. Et si ça continue à ce rythme, il pourrait y avoir une raréfaction du poussin et du poulet de chair dans toute la région», explique Amanzougaren Mohamed, avant de préciser que «ces virus ne sont pas transmissibles à l’homme». L’élevage informel ne cesse de prendre de l’ampleur dans cette région et «les autorités doivent déployer plus de moyens afin de lutter contre ces éleveurs qui échappent au contrôle de biosécurité qui concerne l’hygiène, le contrôle bactériologique, le contrôle de la charge virale et des aflatoxicoses dans l’alimentation de la volaille. Si ces conditions ne sont pas respectées, il est normal qu’il y ait des infections virales qui vont attaquer et affaiblir la barrière immunitaire des poulets», explique le vétérinaire. MALADIE En ce qui concerne la poulette reproductrice où les plus importantes pertes ont été enregistrées, les moyens de prévention doivent être renforcés. «Les poulettes doivent être en permanence sous contrôle sanitaire. Le protocole de vaccination de ces deux maladies n’a pas été respecté et c’est ce qui a provoqué ces pertes. Les rappels réguliers n’ont pas été réalisés par les aviculteurs», ajoute la même source. Akli Moussouni, expert en développement agricole, met l’accent sur «l’alimentation qui pose un sérieux problème en termes de qualité, que ce soit par rapport aux produits importés ou aux pratiques de stockage», explique l’expert en développement agricole, en précisant que «cet aliment perd généralement toutes ses propriétés et la fabrication de l’aliment opérée souvent au sein-même des bâtiments d’élevage avec des équipements non adaptés et des dosages non étudiés font que l’aliment produit n’est pas de bonne qualité». CONTROLE Selon les experts et vétérinaires, il est préférable d’investir dans la prévention avant que les poulets ne soient infectés. «Depuis des années, il y avait ces deux maladies, mais dans des endroits différents. Quand un cas est signalé, les autorités essayent de contrôler cette maladie en mettant en place des dispositifs de barrières sanitaires. En premier lieu, l’abattage, puis la restriction d’accès pour les personnes et véhicules dans cette zone. En dernier lieu, les autorités procèdent à la désinfection générale de tous les locaux où cette maladie a été déclarée et mettent en place un vide sanitaire (ne pas recharger les hangars avant élimination définitive des virus)», explique Amanzougaren Mohamed avant de conclure et de lancer un appel aux autorités afin de «mettre en place un dispositif de contrôle de biosécurité et de contrôle vaccinal pour une prévention efficace, car une fois les volailles touchées, il est très difficile d’arrêter la propagation. C’est pour cela que les mêmes autorités doivent renforcer le contrôle du marché de vente de poussins. Le marché du poulet de chair échappe au contrôle des autorités sanitaires». «Il y a une forte demande sur la viande de poulet durant cette saison, car les fêtes, les colonies de vacances, les hôtels et les plages sont très demandeurs. 40% de la production nationale va durant cette période vers le littoral. Donc, les éleveurs ont pris des précautions et n’ont pas produit de grandes quantités par peur de maladies et c’est ce qui a provoqué une panique et un manque de confiance dans le marché. Actuellement, les prix du poulet ont presque doublé», explique Hadj Tahar Boulenouar, président de l’ANCA. M. Boulenouar n’a pas communiqué les pertes des commerçants à cause des coupures d’électricité. Autre filiale sérieusement touchée, le camelin. Le président de l’Association nationale des éleveurs de chameaux et camelins et les zones pastorales, Bachir Aiche, évoque «plusieurs centaines de têtes de camelin mortes suite aux mauvaises conditions et à l’absence de vaccination». «Les autorités doivent aménager les zones pastorales et mettre en place tous les moyens nécessaires. Aussi, les campagnes de vaccination doivent être prises au sérieux par les autorités qui continuent à mépriser cette activité qui, normalement, doit être encouragée dans le sud du pays», insiste-t-il. Nous avons contacté le ministère de l’Agriculture pour nous communiquer les chiffres des pertes enregistrées dans les wilayas du Sud, mais ils affirment que «les directeurs des DSA contactés dans le Sud n’évoquent pas de pertes, et que pour le moment les éleveurs n’ont rien signalé», assure notre source.
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