mardi 2 août 2016

Le cri de détresse des sinistrés de Mihoub

Deux mois après le séisme qui a ébranlé la commune de Mihoub et les localités environnantes, les stigmates de cette catastrophe naturelle persistent et les sinistrés de la région sont bien loin de retrouver un semblant de vie normale. Pour rappel, le 29 mai dernier, les habitants de cette zone enclavée, située à une centaine de kilomètres au nord-est de Médéa, furent tirés de leur sommeil par un tremblement de terre de magnitude 5,3 sur l’échelle ouverte de Richter, dont l’épicentre avait été localisé à 10 km de Mihoub. Le séisme avait fait plusieurs blessés et des dégâts matériels considérables évalués à quelque 3 milliards de dinars pour l’ensemble de la région. Le parc logement a été sévèrement touché, si bien qu’une bonne partie des habitants de cette commune de plus de 16 000 âmes, se sont retrouvés sans abri. Dans une lettre ouverte adressée aux autorités (président de la République, Premier ministre, ministre de l’Habitat…), et dont El Watan a reçu une copie, un collectif de sinistrés lance un cri de détresse exhortant les pouvoirs publics à agir avec davantage de célérité pour endiguer les effets de cette catastrophe et permettre aux victimes de retrouver au plus vite un toit décent. Les auteurs de cette lettre décrivent une situation «mal prise en considération par les responsables» en alertant sur le fait que «des milliers de personnes vivent dans des conditions déplorables ». «Sommes-nous des êtres humains ? Faisons-nous partie des citoyens algériens ?» s’indignent-ils. «Y a-t-il un responsable en mesure de prendre une décision ferme et adéquate afin d’améliorer cette situation ?» Parmi les doléances exprimées par ce groupe de sinistrés : «Procéder à l’installation d’au moins trois sites de chalets, là où il y a possibilité de raccordement à l’eau potable et au réseau d’évacuation des eaux usées à savoir : le stade communal, Mezaya (face au lycée) et le côté nord du village agricole (VSA).» Ils insistent sur l’urgence de mettre en place ces chalets et autres abris «en préfabriqué», «avant l’approche de l’hiver». Cette solution est fortement préconisée afin de «permettre aux sinistrés d’avoir assez de temps pour se consacrer à la reconstruction de leurs logements en suivant les normes parasismiques», arguent-ils. Joint par téléphone, l’un des principaux initiateurs de cette démarche, et qui se décrit comme un «sinistré errant», témoigne : «J’ai bénéficié d’une tente comme tout le monde mais il y a quelques jours, il y a eu des rafales de vent et ma tente n’a pas résisté à ces fortes bourrasques. Hier soir (dimanche), il a plu et j’ai passé la nuit à la belle étoile. Ce n’est rien comparé à l’hiver rigoureux qui nous attend. Les camps de toile ne sont guère indiqués pour une région comme la nôtre. C’est insoutenable, été comme hiver. Donc, nous espérons que les autorités nous accordent au moins des chalets, à titre transitoire, en attendant que les sinistrés puissent être correctement relogés. Cette solution est d’autant plus souhaitable que les travaux de réfection et de reconstruction risquent de s’étaler dans le temps, surtout si on veut éviter de reproduire les mêmes erreurs et que l’on tient à reconstruire les cités d’habitation selon les normes parasismiques.» «Il faut revoir l’aide de l’état à la hausse» Les signataires de cette lettre ouverte revendiquent également la prise en charge de l’ensemble des sinistrés, sans distinction aucune, par l’octroi d’un logement social ou leur intégration dans le cadre du dispositif d’aide à l’habitat rural. Concernant ce dernier point, ils réclament des facilités d’accès aux matériaux de construction. Ils attirent surtout l’attention des autorités sur la nécessité de revoir à la hausse l’aide de l’Etat à l’autoconstruction. «Celle-ci s’avère dérisoire, surtout si on veut construire aux normes antisismiques. Qui plus est, cela va prendre beaucoup de temps. Qu’allons-nous devenir en attendant la fin de cet immense chantier ?» s’interroge ce cadre, au téléphone. L’angoisse des sinistrés de Mihoub ne cesse ainsi de croître, notamment avec l’approche de la rentrée scolaire. Ils souhaitent que la cadence des travaux de réhabilitation des bâtiments touchés par le séisme — qu’il s’agisse des cités OPGI, des infrastructures éducatives ou des édifices publics — soit accélérée. A noter qu’une vingtaine  d’entreprises de réalisation ont été installées récemment à travers la commune de Mihoub et sept autres localités limitrophes, rapporte l’APS, relayant les services de la wilaya de Médéa. «Ces entreprises seront chargées de la réhabilitation et la réfection des structures éducatives  endommagées par ce séisme», indique la même source, en précisant que «d’autres entreprises de réalisation vont également être installées prochainement, en vue de la prise en charge de l’ensemble des structures scolaires affectées par le séisme, estimées à 75 structures scolaires». Les services de la wilaya font état, en outre, de «l’élaboration de pas moins 1021 décisions de financement d’aide à l’autoconstruction». Signalons, par ailleurs, la décision de doter cette zone particulièrement exposée au risque sismique d’un «schéma d’urbanisme spécifique». «Toute construction future dans la commune de Mihoub et ses environs doit être réalisée suivant un schéma d’urbanisme spécifique qui prendra en ligne de compte la sismicité de la région et la sécurité des habitants», assurait récemment Hocine Maazouz, secrétaire général du ministère de l’Intérieur (APS, le 16 juin).

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