Les innombrables catastrophes migratoires en Méditerranée, ceux ayant fortement marqué la sinistre période 2015-2016, en particulier, n’ont pas laissé indifférente la communauté des scientifiques. C’est, notamment, le cas de l’Université libre VU Amsterdam (Pays-Bas) : un groupe de chercheurs du Centre de droit des migrations de cette même université ont lancé en mai 2015 une base de données de décès de migrants aux frontières sud de l’Europe. Cette base est fondée sur des enregistrements officiels de décès de migrants au cours des années 1990-2013. Ces chercheurs appellent, avec insistance, l’UE à la mise en place d’un «Observatoire européen de décès de migrants» qui devrait faire partie du Conseil de l’Europe. Bien fournie, leur base de données contient des informations individuelles sur plus de 3000 personnes ayant péri en mer, en tentant d’atteindre les pays du sud de l’Europe à partir des Balkans, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Ouest. «Cette base de données est unique parce qu’elle contient la date, le lieu, la cause du décès, le genre, l’âge et si la personne a été identifiée ou pas. Au cours de l’année dernière, 13 chercheurs ont visité 563 registres civils locaux en Espagne, Italie, Grèce, Malte et Gibraltar et ils ont collecté des informations sur la base des certificats de décès», expliquent ces chercheurs, spécialistes dans le domaine des migrations et du droit d’asile. Cette initiative a, selon eux, un double objectif : «Elle vise à adapter les politiques migratoires européennes pour que moins de personnes périssent à la frontière. Le nombre croissant de décès peut être en partie un effet secondaire et imprévu des politiques européennes». L’identification des migrants décédés est ce qui a également motivé le groupe de chercheurs, issus des deux rives de la Méditerranée : «L’identification des migrants décédés est cruciale pour la dignité de la personne concernée et pour les membres de leur famille». C’est justement pour que ces milliers de morts et de disparus en Méditerranée ne soient pas oubliés qu’en 2015 la Journée internationale des migrants - célébrée le 18 décembre de chaque année - avait été placée sous le slogan # Iamamigrant ; hashtag je suis le migrant. «Ce slogan, #Iamamigrant, doit devenir le symbole de notre solidarité avec les migrants et leur famille et nous rappeler que pour beaucoup, la migration est souvent la seule lueur d’espoir qui reste à des millions de personnes dans le monde entier», insistait l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
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