L’accord s’est joué à la fin des échanges entre les pays membres et les tractations étaient pour le moins âpres et très serrées. C’est un véritable coup de théâtre qui s’est produit à Alger tant il s’agit du premier accord de baisse de la production en huit ans. L’accord était inespéré : l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) va réduire sa production d’environ 750 000 barils par jour. En effet, les membres de l’Organisation, qui se sont réunis hier à Alger, ont acquiescé à la proposition de l’Algérie qui plaidait pour l’impératif d’une baisse de la production afin de rétablir l’équilibre du marché qui, pendant plusieurs mois déjà, a rompu sous l’effet d’une offre abondante et d’une demande mondiale à la traîne. Les pays membres de l’OPEP ont accepté de réduire leur production de brut d’environ 750 000 barils par jour, ce qui la ramènerait entre 32,5 et 33 millions de barils par jour. C’est un véritable coup de théâtre qui s’est produit à Alger tant il s’agit d’un premier accord de baisse de la production en huit ans. L’accord s’est joué à la fin des échanges entre les pays membres et les tractations étaient pour le moins âpres et très serrées. Tout au long de la réunion, qui s’est terminée tard dans la soirée, le marché pétrolier était en pleine euphorie. Négociations marathoniennes La courbe des cours prédisait la venue d’un accord, ou du moins un accord de principe sous forme d’un engagement formel de tous les pays membres pour la réduction de la production. Cet engagement devrait être exécutable sous peu, soit dès le mois de novembre, à en croire certaines informations qui ont filtré peu avant la fin de la réunion. Dans la foulée de cette annonce, les cours accentuaient les bénéfices à Londres et à New York, gagnant plus de deux dollars, alors qu’ils accusaient le coup, la veille, des suites de l’intransigeance iranienne face à l’impératif d’une baisse de l’offre de brut pour soutenir les prix. Mais tout n’était pas encore joué mardi, tard dans la soirée, l’Algérie s’investissait encore pleinement afin de converger les avis vers l’impératif de geler la production à des niveaux fixes. A l’ouverture de la réunion informelle de l’OPEP, le président, Mohamed Salah Assada (Qatar), assurait que son organisation était «déterminée à ce que cette réunion sorte avec un message positif et convaincant». A ce propos, il a salué «les efforts exemplaires» consentis jusque-là pour tenter d’arriver à un consensus, évoquant de «nouveaux défis» qu’affronte l’OPEP «sur fond de spéculations alimentant le marché». Selon les termes de l’accord, la Libye et le Nigeria sont exempts de cette coupe dans la production eu égard aux troubles politiques auxquels les deux pays font face. Quant aux Iraniens, qui défendaient bec et ongles, leur droit à recouvrer leur quota d’avant les sanctions occidentales, soit de 4 millions de barils/jour, ces derniers sont autorisés à porter leur production à la limite des 3,7 millions de barils/jour, soit une hausse de 100 000 barils/jour par rapport aux niveaux actuels. A travers cette coupe d’environ 750 000 barils par jour, l’OPEP espère éponger un tant soit peu une partie de l’excédent dont souffre le marché. Les modalités d’application de cette décision devraient être annoncées lors de la prochaine réunion de l’OPEP, prévue fin novembre à Vienne. L’Algérie plaide pour la mise en place d’un comité de suivi et d’évaluation de la production de chacun des pays membres. Le mécanisme tend à instaurer une discipline parmi les membres de l’Organisation et lutter, par la même, contre la production informelle qui fait grimper l’offre effective de l’OPEP. Le suivi de l’accord dans son exécution paraît vital, aux yeux d’Alger, qui vient ainsi de réussir un pari qui était presque impossible. Le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, menait depuis quelques semaines des tractations ininterrompues auprès des différents membres de l’OPEP en vue de faire de la réunion d’Alger un succès. La perspective d’un consensus entre les 14 membres de l’OPEP s’est fortement amenuisée dès la veille en raison de désaccords entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Le marché perdait l’espoir d’un quelconque compromis, alors que les responsables algériens tentaient encore, jusqu’à une heure tardive de la nuit de mardi, de concilier les frères ennemis, avons-nous appris de sources proches de la délégation algérienne. Les efforts se sont ainsi soldés par un accord que le marché ne voyait pourtant pas venir.
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