Quatre médailles d’or, cinq d’argent et sept de bronze sont la moisson algérienne lors des derniers Jeux paralympiques, qui viennent de s’achever à Rio au Brésil. Depuis la toute première médaille d’or décrochée à Atlanta, en 1996, par le défunt Mohamed Allek, les sportifs algériens ont toujours une place sur le podium des Jeux paralympiques et forcent le respect de leurs adversaires, grâce à leur grand sens du sacrifice. Depuis maintenant 20 ans, l’Algérie parvient toujours à décrocher des médailles aux Jeux paralympiques. «C’est vrai qu’on n’a pas les mêmes moyens que d’autres nations beaucoup mieux nanties sur ce plan. Mais le fait que ces athlètes soient handicapés et sans ressources, cela les pousse souvent à se transcender et à travailler plus. Il ne faut pas aussi oublier le rôle de l’entraîneur qui aspire à ce que son athlète réussisse toujours», explique l’entraîneur Tahar Salhi, dont ses athlètes Madjid Djemaï et Mohamed Fouad Hamoumou ont décroché le bronze à Rio dans les deux épreuves du 1500 m (T37) et 400m (T13). Prise en charge Si de nombreux athlètes ont préféré rejoindre le GSP, mieux nanti sur le plan financier, le médaillé d’or de Londres et Rio en 2016 sur le 1500 m en T12/13, Abdellatif Baka, est resté à Sétif sous la coupe du club d’Al Ansar. Son entraîneur, Mohamed Brahmi, justifie ce choix : «Les autorités de la wilaya de Sétif ont toujours refusé de le laisser partir vers d’autres clubs, mieux nantis sur le plan financier. L’athlète quand il n’est pas en équipe nationale, est totalement pris en charge par le club. D’un autre côté, je ne vous cache pas que depuis la médaille d’or de 2012, on a bénéficié de tous les moyens, que ce soit de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports ou encore du Comité olympique algérien. On ne m’a jamais refusé un stage ou une compétition en Algérie ou à l’étranger.» Malheureusement, ce ne sont pas tous les athlètes qui sont dans cette situation. Il y a même ceux qui vivent au jour le jour en l’absence d’un statut clair pour cette frange d’Algériens. Le président de la Fédération algérienne de handisport, Rachid Haddad, avait reconnu qu’il y avait de nombreux athlètes dans le besoin. Il avait même cité l’exemple du joueur du goal-ball de Boukadir, obligé de faire des petits boulots pour subvenir aux besoins de ses sept enfants. Une ancienne sportive d’Oran se bat toujours contre le cancer, alors qu’elle se trouve sans ressource. Le président Rachid Haddad avait affirmé que la ministre Mounia Meslem avait pris des engagements dans ce sens pour aider ces athlètes. Les oubliés Malgré ces performances, l’entraîneur Tahar Salhi, qui a pris part à 4 Jeux paralympiques et 5 Championnats du monde avec toujours des médailles, ne cache pas sa crainte quant à l’avenir du handisport. Il soulève le manque de considération envers les entraîneurs. «Il faut savoir que l’entraîneur, c’est pratiquement le stratège du succès. L’entraîneur se sacrifie, il est loin de sa famille, pendant le Ramadhan ou l’Aïd. Il est souvent sous la pluie et la chaleur. La dernière fois, lors de la réception en l’honneur des athlètes, il n’y avait même pas de tables réservées pour les entraîneurs. Dans le discours officiel, on a omis de remercier et les entraîneurs et le staff médical. Certains coachs étaient très déçus et ont décidé de ne plus remettre les pieds dans ce genre de réception. Et dire que tout ce que demande l’entraîneur, ce n’est pas forcément de l’argent, mais de la considération vu qu’il fait bien son travail», déplore Tahar Salhi. Espérons que le message trouvera une oreille attentive.
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