- Abdellatif Baka. 22 ans, médaille d’or du 1500 m Le 12 septembre, il a été le premier athlète à faire monter le drapeau algérien sur le podium, lorsqu’il a remporté la médaille d’or du 1500 m, catégorie T13 des malvoyants, aux Paralympiques de Rio. En faisant 3’48’’29, il a battu le record du monde. Quelques heures après la course, le monde l’a connu en tant que «l’athlète paralympique plus rapide que les valides». Il s’appelle Abdellatif Baka, le fils prodige d’El Eulma, wilaya de Sétif. Le coureur algérien a commencé l’athlétisme à l’âge de 11 ans, sur les pas de son frère qu’il considère comme son idole. «Mon frère pratiquait l’athlétisme, je l’accompagnais souvent pour assister à ses entraînements. C’est là que la flamme pour cette discipline a commencé», se souvient Abdellatif. Ajoutant : «Au début, je prenais ça comme un hobby, je ne me présentais pas à tous les entraînements et je ne respectais pas les horaires ! En 2008, j’ai vu les Jeux olympiques de Pékin, j’ai été charmé par le haut niveau des athlètes et de la compétition et c’est là que j’ai décidé de m’engager dans cette discipline, d’être plus sérieux dans mes entraînements et ainsi arriver au but d’être du même niveau que les athlètes qui ont participé aux jeux.» Après avoir été durant six ans sur la gomme du Mouloudia d’El Eulma, à l’âge de 18 ans, Abdellatif court aux Jeux paralympiques de Londres et remporte sa première médaille d’or sur le 800 m ; un an plus tard, l’athlète est champion du monde. En 2015, il décroche deux médailles d’or aux Jeux mondiaux sur ses deux spécialités (800 m et 1500 m) et il bat le record du monde du 800 m. «Arriver à ce niveau de compétition n’a pas été facile, je me suis battu, mais heureusement que j’ai eu le soutien de ma famille, mes parents en particulier, mon entraîneur Mohamed Brahmi, mes amis et surtout le peuple algérien qui m’a suivi… Un facteur très important pour un athlète», souligne le champion. Il est à noter que Abdellatif Baka, athlète de handisport dans la catégorie des malvoyants, a déjà couru et été primé sur les gommes des athlètes valides. Il explique : «Vu que je suis un athlète de handisport visuel, je n’ai jamais senti de différence avec les autres athlètes, ce qui peut jouer sur ma motivation. J’ai été athlète valide et j’ai eu beaucoup de victoires. On m’a proposé de courir avec les athlètes de cette catégorie, et j’ai tout de suite accepté, ça ne m’a pas gêné tant que ça sert le pays.» - Asmahan Boudjadar. 36 ans, médaillée d’or au lancer du poids (T-33) Elle s’appelle Asmahan Boudjadar. Elle est née le 13 juin 1980 à Constantine. Elle est l’une des athlètes paralympiques ayant offert à l’Algérie sa quatrième médaille d’or aux Jeux paralympiques de Rio 2016. Sa spécialité : le lancer de poids catégorie T-33. Si aujourd’hui Asmahan fait la fierté des Algériens, son parcours n’a pas été toujours facile. «On l’a découverte en 2011. C’est grâce à son frère qui s’est rendu dans la forêt de Djebel El Ouahch où nous nous entrainions. Il nous a confié qu’il avait une sœur handicapée cloîtrée à la maison et qu’il aimerait bien la voir sortir pour s’épanouir», confie Abdelmadjid Kahlouche, son entraîneur et président de son club l’USH Constantine. Et de poursuivre : «C’est à ce moment que Rachid Latrache l’a prise en charge. Grâce au sport, Asmahan a fait beaucoup de progrès. Elle a commencé à marcher alors qu’elle ne pouvait pas le faire.» Pour arriver à ce niveau, Asmhan a dû travailler dur. «On l’a faite participer à plusieurs compétitions afin qu’elle s’améiore davantage.» C’est en 2013, qu’elle prend part à sa première compétition à Dubai. En 2014, elle a été prise en charge par la fédération. En 2015, elle enregistre une performance extraordinaire lors d’une compétition. Cependant, l’athlète n’a pas eu sa médaille d’argent. Abdelmadjid Kahlouche s’en souvient : «Lors de cette compétition, Asmhan a clairement été volée. Elle devait recevoir sa médaille d’argent. Juste après la performance, on a eu le bon protocolaire de la cérémonie avec lequel on devait récupérer la médaille quelques instants après. Nous sommes partis nous débarbouiller rapidement. A notre retour, on nous a informés qu’il y a eu des réserves. Asmahan n’a donc pas eu sa médaille. Elle était choquée. On a dû faire un gros travail psycologique afin de l’aider à surmonter cet événement.» La même année, Asmahan prend sa revanche en remportant trois médailles d’or lors des Championnats du monde tenus à Dubai. Si Asmahan en est arrivée là aujourd’hui, c’est grâce à sa légendaire perséverence. «Elle n’aime pas le repos», confie Abdelmadjid Kahlouche. Elle est aussi beaucoup soutenue par sa famille, notamment sa maman. A cet effet, Abdelmadjid Kahlouche affirme : «Elle est issue d’une famille d’avocats. Mais sa mère ne cesse d’affirmer qu’Asmahan est sa fierté. Elle la soutient énormément.» Prochains objectifs : décrocher la médaille d’or lors des Championnats du monde d’athlétisme de 2017 à Londre et ceux des jeux paralympiques de Tokyo en 2020. - Samir Nouioua. 31 ans, médaillé d’or du 1500 m (T46) Son nom, Samir Nouioua. C’est un athlète handisport algérien né le 10 juillet 1985 à Tolga, dans la wilaya de Biskra. Il a décroché la médaille d’or en finale du 1500 m, au stade olympique Engenhao, à Rio de Janeiro, au Brésil, lors des Jeux paralympiques 2016. Sa catégorie : 1500 m(T46/47). Samir ne pensait jamais faire une carrière athlétique. Plus jeune, il s’intéressait, comme tous les petits garçons, au foot. «C’est Ahmed Rahmoune, mon enseignant au primaire, qui m’a conseillé de pratiquer la course à pieds. Il a décelé mes capacités dès mon jeûne âge et il ne s’est pas trompé», se souvient Samir. C’est à partir de cette remarque que Samir commence à s’entraîner à la course. A 16 ans, il est repéré par le Mouloudia d’Alger. «J’étais avec l’Union sportive de Biskra. Ce n’est qu’un an plus tard, soit en 2002, que j’ai répondu à leur appel. J’y suis resté 5 ans, jusqu’en 2007. Par la suite, j’ai rejoint l’équipe nationale», raconte l’athlète. Le plus médaillé des athlètes algériens aux Jeux paralympiques s’entraîne dur pour maintenir son niveau. Il explique : «Je m’entraîne près de 6 heures par jour et c’est loin d’être facile. Heureusement que ma coach, Nassima Amir, est là pour me soutenir. Je lui dois beaucoup.» Samir est issu d’une famille nombreuse de 7 frères et sœurs. Cependant, il a vécu chez sa tante qui l’a élevé. A cet effet, l’athlète confie : «J’ai un frère jumeau. A ma naissance, ma mère m’a confié à sa sœur, qui à l’époque n’avait pas d’enfant. Mon jumeau, quant à lui, est resté avec ma mère. J’ai grandi dans la région de Mkhadma chez ma tante. Par la suite, elle a eu deux enfants : un garçon et une fille qui sont comme mes propres frère et sœur.» Samir est aujourd’hui papa de deux fillettes de 1 et 3 ans. «Malheureusement, je ne les vois pas assez. Etant souvent en déplacement, ma famille me manque. Heureusement que parfois, la fédération les autorise à me rendre visite lors des stages que j’effectue.» Dès son retour du Brésil, Samir a été honoré au cours d’une cérémonie tenue au siège de la wilaya de Biskra. Le wali, Mohamed Hamidou, a d’ailleurs qualifié l’athlète de «fierté de la wilaya et de source d›inspiration pour les jeunes par sa détermination qui lui a permis de se distinguer durant ce rendez-vous sportif mondial». L’athlète apprécie cette reconnaissance et souhaite que sa commune s’investisse davantage en faveur des jeunes et du sport. Son prochain objectif : décrocher la médaille d’or lors des Championnats du monde d’athlétisme de 2017 et des Jeux paralympiques de Tokyo en 2020. - Nassima Saïfi. 27 ans, médaille d’or du lancer du disque A l’âge de 10 ans, elle est percutée par un camion ; l’accident lui fait perdre une jambe. A 11 ans, son père l’encourage à s’engager dans une carrière sportive. Le 15 septembre dernier, elle nous a tous émus par son cri, lors des Jeux paralympiques de Rio, quand elle a offert une médaille d’or à l’Algérie en remportant l’épreuve du lancer de disque (dames-T57). La championne algérienne a réalisé un jet de 33,33 m, devant l’Irlandaise Barry Orla qui a fait 30,06 m et la Nigériane Iyiazi Eucharia qui a enregistré 27,54 m. Elle s’appelle Nassima Saïfi. «J’ai commencé à pratiquer le lancer de disque avec le club de la wilaya de Mila. Au début c’était juste un loisir, mais quand mon entraîneur a remarqué que j’ai des capacités qui peuvent m’emmener loin, j’ai décidé de me concentrer sur ma passion, le lancer», raconte la championne. Après des années de travail et d’entraînements, Nassima se retrouve en équipe nationale à 17 ans à peine. La jeune athlète fait déjà parler d’elle quand elle remporte sa première médaille d’or en 2005, lors des Championnats d’Afrique. «Cette médaille a prouvé que j’avais vraiment des capacités à donner», souligne-t-elle. Deux ans après, elle décroche sa deuxième médaille d’or aux Jeux africains. En Nouvelle-Zélande aux Championnats de 2011, Nassima Saïfi remporte la médaille d’or et décroche le record du monde. En 2015, aux Championnat du monde d’athlétisme handisport à Doha (Qatar), Nassima Saïfi a remporté une autre médaille d’or dans l’épreuve du lancer de disque. Aujourd’hui, la lanceuse algérienne est trois fois championne du monde, deux fois championne olympique et détient quatre records du monde. Ce super parcours, elle le doit à son talent et à ses efforts, mais aussi à l’appui indéfectible de sa famille et de son entraineur et mari, Hocine Saâdoune. «Mon parcours n’a pas été facile et j’ai beaucoup sacrifié pour en arriver là. Il m’a fallu faire beaucoup de sacrifices, dont le premier mes études que j’ai dû quitter parce que je n’arrivais plus à concilier sport et école», affirme Nassima. Et de souligner que «malgré tous leurs efforts et leurs résultats, les athlètes du handisport, en général, ne sont pas indemnisés de la même façon que les athlètes valides. Le ministre de la Jeunesse et des Sports nous avait promis que ce problème serait réglé d’ici l’année prochaine. Depuis 2008, on ne demande qu’à être traité de la même manière que les athlètes valides, que ce soit sur le plan financier ou moral. Il faut savoir que dans tous les pays voisins, les indemnisations sont égales à celles des valides. En Tunisie, les athlètes ont été reçus par le Président qui leur a offert des médailles et des primes, exactement comme il l’avait fait pour les autres athlètes».
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