Plus de 15 ans après avoir fondé le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, Ferhat M’henni semble en colère contre une partie de ses bases. Le président du «gouvernement provisoire kabyle» établi en France a sermonné, dans un discours, les militants du mouvement politique (Mak, Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) et les appelle à la «discipline». Plus que cela, le célèbre chanteur engagé, qui a pris la tête du mouvement qui réclame l’autonomie puis l’autodétermination de la Kabylie en 2001, rappelle qu’il est le «seul chef» du mouvement. «Je suis celui qui imprime à la ligne politique du MAK les changements dont le combat a besoin pour mener le peuple kabyle vers sa liberté», dit-il dans un discours rapporté par l’agence du MAK, Siwel. «La phase que nous entamons ne permet plus l’amateurisme, ni l’approximation ni le laxisme. La discipline est l’une des clés de réussite dans le monde. Tous les combats qui ont échoué l’ont été par défaut de discipline au sein de leur organisation.» Avant d’ajouter : «Il n’y a pas de combat collectif sans autorité. Refuser l’autorité ou la contester est une atteinte grave à la cause qu’on est censé défendre.» «L’absence de loyauté est une trahison», poursuit-il. Selon différentes sources, Ferhat M’henni a l’intention de dissoudre le MAK, le parti politique qui soutient en Algérie l’action de son mouvement. «Le MAK et le réseau Anavad doivent devenir une seule et même organisation, sous forme de confédération MAK-Anavad, avec le principe de primauté du président de l’Anavad en cas de conflit d’autorité», a-t-il écrit. Le président du MAK, Bouaziz Naït Chebib, promet, lui, d’engager une réflexion pour s’adapter à cette donne. Nos tentatives de le joindre n’ont pas abouti. Des sources proches du mouvement indépendantiste indiquent que Ferhat M’henni aurait perdu le contrôle sur une partie de ses militants. Certains de ces derniers, confrontés notamment aux pressions des autorités, n’adoptent pas forcément la même attitude radicale que leur chef. Des questions existentielles traversent en effet ce mouvement depuis qu’il a décidé, en 2010, de passer de la revendication de l’autonomie à celle de l’autodétermination. Ce changement de cap a poussé des cadres fondateurs à quitter le MAK. D’autres militants ont quitté le mouvement qui parvient parfois à mobiliser des foules plus nombreuses que celles des partis traditionnels de la région, à savoir le FFS et le RCD. Après avoir été relativement toléré durant des années, le mouvement de Ferhat M’henni subit ces derniers temps des pressions des autorités. Fondé en 2001 suite aux événements du Printemps noir, le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie est devenu, en 2010, Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie. Ses militants sont présents en Algérie et dans la diaspora. Certains activistes adoptent un discours radical, parfois raciste. Mais ses dirigeants plaident pour une lutte pacifique.
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