samedi 12 novembre 2016

«Une faille dans nos relations avec l’islam…»

L’édition de cette année des Rencontres d’Averroès qui se tient jusqu’à dimanche a comme thématique «Surmontez la faille ?» Comment vous en est venue l’idée ? Quel en a été l’élément déclencheur ? L’idée est née avec les séries d’attentats qui étaient un choc particulièrement violent dans la société française. On voit bien qu’il y a une faille qui s’est manifestée notamment dans nos relations à l’islam. Surmonter la faille est l’idée de ces rencontres. On s’est intéressés au temps long avec la faille généalogique. Il y a la faille historique sur laquelle reviendront les historiens Abdelmadjid Merdaci, Benjamin Stora, Mohamed Kenbib et Luigi Mascili Migliorini. Il y a aussi cette faille géopolitique avec ce qui se passe dans les relations internationales, en Irak, en Syrie et en Turquie, mais également l’autre faille dans la cité avec les relégations urbaines et des crispations autour des problèmes d’immigration et du rapport à l’islam. Tout cela ne nous fait pas oublier la mention de projets nouveaux, ce qui est l’un des objectifs des Rencontres d’Averroès. Justement, parlez-nous des objectifs de ces rencontres qui accueillent des chercheurs venus des deux rives de la Méditerranée... Il y a en effet ce point d’interrogation dans l’intitulé «Surmonter la faille ?», mais il y a aussi l’objectif de pouvoir créer un possible monde commun. Certes, la Méditerranée nous sépare et on veut de plus en plus nous séparer par la violence, les imaginaires, l’économie et les politiques. Mais il n’y a pas que de la séparation, il y a beaucoup de liens qui sont tissés. Je m’interroge : qu’est-ce qu’on fait des millions de gens qui vivent dans la mixité d’une rive à l’autre de la Méditerranée ? Ils vivent quatre mois ici, quatre mois là, ils circulent et reviennent. On ne parle pas beaucoup de tout ce monde intermédiaire qui n’est pas négligeable. Ce sont plusieurs millions de personnes qui vivent sur les deux rives de la Méditerranée, notamment entre Marseille et Alger ou Constantine. Donc, je pense qu’il faut tisser des liens qui ne sont pas abstraits mais participent d’une réalité profondément vécue. Il ne s’agit pas des grands dispositifs institutionnels et politiques qui se sont tous effondrés (partenariat euroméditerranéen, Union pour la Méditerranée, etc.). Moi je n’y crois pas du tout. Pour moi, ce sont des naufrages. Mais en revanche, il y a des éléments de la société civile qui sont très parlants. Donc l’espoir subsiste ? Moi je dis que la raison d’être des Rencontres d’Averroès, c’est penser l’après-désastre. On croit savoir qu’une rencontre est prévue en Algérie… Il y a eu une première édition tenue il y a longtemps à la Bibliothèque nationale (BNA). Il faut savoir que les Rencontres d’Averroès ne peuvent pas s’exporter. On est surtout dans la réciprocité de la connaissance. Si c’est porté en Algérie, ça aura lieu d’être. Mais moi je ne le ferai pas à la place des Algériens ; je pourrai éventuellement les soutenir, les accompagner. Il y a une édition qui se fait au Maroc, à la Bibliothèque nationale du Maroc. Il y a eu également des projets à Beyrouth (Liban). Si à nouveau un projet voit le jour en Algérie, j’y adhérerai et je serai le plus heureux des hommes.

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