lundi 2 janvier 2017

Fin de cavale pour l’assassin présumé d’Amira

Le fugitif, qui s’apprêtait à quitter clandestinement le pays pour le Maroc, a été appréhendé par les éléments de la Gendarmerie nationale à Maghnia, dans la wilaya de Tlemcen. L’information n’a pas été rendue publique par les canaux officiels des différents services de sécurité. Rares sont les sources qui l’ont confirmée, mais en insistant sur leur anonymat, y compris au niveau du tribunal d’El Khroub où le présumé coupable, recherché depuis plusieurs mois, a été présenté jeudi dernier devant le procureur de la République, qui a ordonné sa mise sous mandat de dépôt, a-t-on appris. Les services de la sûreté, pour des raisons peu évidentes, ont choisi de se murer dans le silence. Quoi qu’il en soit, c’est la fin de cavale de cette personne ayant attenté à la vie d’Amira Merabet, qui est désormais sous les verrous. Et c’est un grand soulagement pour sa famille, ses amis et l’ensemble de la population de Constantine. L’auteur de ce crime, bien que formellement reconnu, s’est évanoui dans la nature le 29 août dernier, le jour où il avait attaqué la victime. Ce jour-là, la jeune femme, âgée de 34 ans, s’apprêtait à rejoindre son poste de travail. Il était 8h passées, rue de la cité du 20 Août. Elle allait certainement entamer une journée ordinaire en cette fin d’été 2016, mais un homme en a décidé autrement. Elle a été brûlée au troisième degré au visage, à la poitrine, au ventre, aux bras et aux mains. Des brûlures qui ne lui ont laissé aucune chance. Son diagnostic vital étant engagé, elle a été transférée vers le CHU de Constantine, où elle est restée 8 jours en soins intensifs jusqu’à ce qu’elle décède, le 5 septembre. Le crime a été commis dans la ville d’El Khroub (16 km au sud de Constantine), sous le regard des passants. Pour faire avancer l’enquête, au point mort pendant trois semaines, et devant la pression de l’opinion publique, la sûreté de wilaya de Constantine a lancé, le 23 septembre dernier, via un communiqué, «un appel à la population à l’effet de récolter des informations dans cette affaire». Le document parvenu à notre rédaction comportait des indications et la photo de la personne recherchée, sans mention du nom de la victime. Une affaire d’opinion publique Comme nous l’avons écrit auparavant, le cas Amira est loin d’être un simple fait divers. Ce drame, qui a suscité émoi et consternation au sein de la population de Constantine, a provoqué des réactions d’indignation, mais aussi des actions de solidarité menées par des citoyennes et des citoyens en hommage à la victime. Cependant, il a rappelé à la société algérienne ses archaïsmes et la violence banalisée, infligée sous toutes ses formes et quasi quotidiennement à la femme. Des symptômes d’une maladie sociale très grave, d’autant que le drame d’Amira est intervenu peu de temps après celui ayant secoué la ville de M’sila, où a été assassinée une autre jeune femme, Razika Cherif, par un automobiliste éconduit. Des dizaines de personnes, parmi lesquelles des universitaires et beaucoup de femmes, ont rendu hier hommage à Amira Merabet, décédée le 5 septembre des suites de graves brûlures causées par un homme auquel elle avait dit «non». Les initiatrices et ceux ayant répondu positivement à l’appel au rassemblement au jardin Bennacer, au centre-ville de Constantine, avaient exprimé leur indignation et leur colère face à l’acte abject. La responsabilité de la rue ayant assisté sans réagir à l’agression, ainsi que celle de toute la société furent tout aussi condamnées. «Nous sommes indignées par ce comportement de plus en plus cruel. On cherche à ‘‘victimiser’’ le tueur et à culpabiliser la victime. L’espace public en Algérie devient interdit aux femmes, c’est une véritable jungle. A quelques mètres de chez elle, Amira est brûlée et le monsieur a pris le temps de préparer son acte», avait déclaré, à El Watan, Amel Hadjadj, l’une des initiatrices du rassemblement. Plusieurs manifestations du genre avaient eu lieu dans d’autres villes, dont Alger et Béjaïa. Un texte poignant avait enflammé la Toile en réussissant à extirper l’affaire de la case des faits divers en la transformant en une question d’opinion publique.   

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