lundi 20 février 2017

Air Algérie est en danger, selon Talai

Lors de la cérémonie d’installation du nouveau directeur général par intérim, Bakhouche Alleche, Boudjema Talai s’en est directement pris à la gestion du pavillon aérien national. La cible du ministre ? L’ancien dirigeant de la compagnie, Mohamed Abdou Bouderbala, présent lors de cette rencontre, qui n’est pas cité nommément. Le ministre a considéré, selon les propos rapportés par l’agence APS, qu’«un directeur général, quel qu’il soit, ne peut gérer seul une compagnie de 10 000 personnes avec une flotte d’une cinquantaine d’avions s’il n’y a pas d’équipe autour de lui». Pis, il rappelle qu’«il y a des cadres de très bon niveau à l’intérieur de cette entreprise, de bons pilotes, de bons techniciens et mécaniciens, mais au niveau du management, il n’y a pas d’équipe». Selon M. Talai, Air Algérie n’a pas «de problème externe, ni de problème de marché ou de son environnement» et «c’est l’essentiel pour une compagnie aérienne». Le constat étant fait, le ministre veut «transmettre» de nouvelles orientations au nouveau dirigeant. «Le nouveau directeur général par intérim doit rendre la gestion d’Air Algérie transparente. Tout doit être visible, pas uniquement les comptes, pour que cette entreprise historique reprenne son droit chemin et son développement», a indiqué le ministre en direction de Bakhouche Alleche. M. Talai estime que le fait d’être issu des rangs de la compagnie est un atout pour le nouveau responsable. «Je note l’élément positif de cette désignation, c’est que M. Alleche, qui totalise une quarantaine d’années d’expérience, est un enfant de la boîte et connaît ses problèmes. Donc, ce sera plus facile d’aboutir rapidement à un bon résultat», a avancé le ministre. Fragilité financière Cette cérémonie a permis au ministre des Transports, qui s’exprimera de nouveau ce matin, à la radio, sur cette question, de donner des indications sur la situation financière de la compagnie Air Algérie. Il indique, entre autres, que la société est déficitaire. «C’est une entreprise, une société par actions, ce qui veut dire un bilan et en regardant le bilan d’Air Algérie, moi je vous dis que la compagnie se porte mal», a-t-il révélé. Plus que le déficit, Boudjema Talai indique que le grand problème d’Air Algérie est qu’elle «perd son capital», ce qu’il considère comme «un mauvais signal». «Je ne parle pas uniquement du chiffre d’affaires qui avoisine les 80 milliards de dinars, mais si l’on regarde au niveau des charges, elles sont évaluées à 80 milliards de dinars», a-t-il déploré, ajoute la même source. Alors qu’Air Algérie vivait jusque-là, en partie, des subventions de l’Etat, le ministre a clairement fait savoir que, à cause de la crise économique que vit le pays, cette situation doit cesser. «La compagnie doit se suffire à elle-même, elle ne doit pas compter sur le Trésor qui ne peut rien lui apporter», a-t-il jugé. «Il faut savoir augmenter nos parts de marché en améliorant les services comme il se doit», a indiqué M. Talai qui a ajouté qu’«il faut améliorer l’image d’Air Algérie (...) car aujourd’hui, nous sommes attaqués de toute part. Ils nous ont qualifiés de tout». Même démis, l’ancien PDG, Mohamed Abdou Bouderbala a tenté de défendre son bilan. Il a estimé que la compagnie était «sur rails» et qu’il faut attendre les résultats des investissements opérés ces dernières années pour faire le bilan. Ce n’est pas la première fois que le ministre des Transports s’attaque à la gestion d’Air Algérie. En 2015, il avait exigé, publiquement, un plan de restructuration de la compagnie. «Air Algérie est malade (...), la compagnie doit tout réapprendre, jusqu’à comment organiser un vol. C’est désastreux», avait estimé le ministre en juin 2015. «Si vous continuez à faire les choses de cette manière, le pavillon national va disparaître», avait lancé M. Talai à l’adresse des cadres de la compagnie. Et deux ans après, le même ministre semble faire les mêmes constats !  

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