lundi 20 février 2017

Macron campe sur sa position, malgré la polémique

Lors de son court séjour à Alger, le 15 février, Emmanuel Macron a condamné la colonisation française en Algérie. «La colonisation fait partie de l’histoire française, a déclaré le candidat d’En Marche, sur Echorouk TV. C’est un crime, un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes.» Cette déclaration, comme il était prévisible, a rapidement provoqué un tollé au sein de la droite française et de l’extrême droite, auxquelles se sont joints les groupes de pieds-noirs et de harkis, coutumiers du fait dès qu’il s’agit d’évoquer la Guerre d’Algérie. Malgré cette vive polémique, Emmanuel Macron a campé sur sa position samedi lors d’un meeting à Toulon. S’il a demandé pardon notamment aux harkis et aux pieds-noirs, il a tenu à réaffirmer sa position. Face à la foule, le président du mouvement En Marche a lancé : «Je sais que je vous ai blessés et je suis désolé de vous avoir offensés, de vous avoir fait du mal.» «Pardon pour les passionnés, pardon de vous avoir fait mal, parce que ça n’est pas ce que je voulais», s’est excusé Macron pour tenter d’éteindre la polémique sur sa déclarations d’Alger, et d’ajouter : «Je le dis aujourd’hui, à chacun et chacune dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président, je vous ai compris.» «Si on ne regarde pas ses crimes contre l’humain, on ne peut pas construire l’avenir», a-t-il ajouté. Une requalification de crime contre l’humanité à «crime contre l’humain» qui permet d’échapper au débat juridique. En effet, le crime contre l’humanité a une définition précise, énoncée dans l’article 6 de la Charte de Londres établissant le statut du tribunal de Nuremberg. Cette prise de position de l’ancien ministre de l’Economie, condamnée par les tenants de l’«Algérie française», est par contre partagée par une majorité de Français. En effet, selon un sondage réalisé par l’IFOP pour le site en ligne TSA, 51% des sondés sont d’accord sur le fait que «la colonisation est un crime contre l’humanité», tandis que 52% d’entre eux estiment que «le gouvernement français devrait présenter des excuses officielles pour les meurtres et exactions commis durant la colonisation». Pour sa part, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a dans une interview au journal arabophone Al Quds Al Arabi exprimé son soutien à Emmanuel Macron face à la levée de boucliers soulevés par les propos que ce dernier avait tenus mardi dernier à Alger. «C’est vrai que la France a commis des crimes atroces en Algérie ; la France doit le reconnaître, parce qu’il existe des faits indéniables qui prouvent cette réalité.» Et le fondateur de Médecins sans frontières d’enfoncer le clou : «La France n’a pas le courage de reconnaître les crimes qu’elle a commis durant la période coloniale, parce que les gouvernements successifs n’ont pas eu assez d’audace pour le faire.» «Cela aurait certainement aidé à améliorer les relations entre les deux pays et, du coup, les enfants de la troisième ou quatrième générations des Français d’origine algérienne sentiraient que la France respecte le pays de leurs parents et de leurs ancêtres.» En outre, un appel pour la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France a été lancé par l’universitaire Olivier Le Cour Grandmaison en début d’année, et a déjà été signé par plus de 2000 personnes. Dans cet appel lancé aux plus hautes autorités de l’Etat et aux candidats à l’élection présidentielle, il leur est demandé de se prononcer pour la création d’un lieu du souvenir à la mémoire de celles et ceux qui furent assassinés, l’ouverture de toutes les archives relatives à ces différents événements et la reconnaissance de ces crimes de guerre et de ces crimes d’Etat. «C’est ainsi que justice sera rendue aux héritiers de l’immigration coloniale et post-coloniale, et que les discriminations mémorielles qui les affectent toujours pourront être combattues. Enfin, de tels actes permettront à tous les Français de mieux connaître cette histoire singulière.» 

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