De mal en pis. La situation de la liberté de la presse en Algérie ne cesse de se dégrader. Le pays continue de récolter les mauvais points en la matière. 129e en 2016, l’Algérie vient de perdre encore 5 places en 2017 pour se classer la 134e position, dans le classement établi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF). En effet, dans son dernier rapport sur la liberté de la presse dans le monde, cette dernière note «une dégradation flagrante de la situation dans le pays». «La liberté de la presse s’est fortement érodée dans le pays», lit-on dans le communiqué de l’ONG qui commente les résultats obtenus par l’Algérie. Le document énumère une série d’atteintes à l’exercice libre de la profession qui justifie cette mauvaise note. «Les sujets tabous – santé du chef de l’Etat, avoirs des dirigeants algériens, corruption… – restent nombreux et l’étranglement économique des titres indépendants se poursuit. Au cours de l’année 2016, quatre blogueurs et professionnels des médias ont été emprisonnés pour des faits en lien avec leurs publications», souligne RSF dans son rapport. Le document revient aussi sur la mort en prison du journaliste et blogueur Mohamed Tamalt, survenu le 11 décembre 2016. «Détenu pour des propos tenus sur les réseaux sociaux jugés offensants envers le président de la République, la mort de Mohamed Tamalt a fortement choqué l’opinion qui s’interroge sur les conditions de détention des prisonniers. En grève de la faim pendant plusieurs mois, Tamalt aurait subi des sévices physiques», précise le rapport qui regrette le fait «qu’aucune enquête n’a été ouverte et la demande de contre-autopsie de sa famille est restée sans suite pour le moment». En comparaison avec les autres pays du Maghreb, l’Algérie reste à la traîne. Elle arrive juste derrière le Maroc (133e) et loin derrière la Mauritanie (55e) et la Tunisie (97e). Le Maroc, classé 133e, a montré en 2016 «une grande agressivité envers les journalistes étrangers», selon RSF qui dénonce l'expulsion de cinq journalistes européens. «Le nombre d'exactions au Sahara Occidental commises contre les journalistes sahraouis non-professionnels reste quant à lui élevé dans une zone impossible à couvrir pour les journalistes marocains», a précisé RSF dans une conférence de presse animée à Tunis. Grave recul de la liberté de la presse dans le monde Par ailleurs, RSF s’alarme du grave recul enregistré dans le monde en matière de liberté. La carte de la liberté de la presse, selon la même source, s’obscurcit. L’ONG relève, en effet, une augmentation du nombre de pays où la situation de la liberté de la presse est particulièrement alarmante. «L’indice de référence calculé par RSF n’a jamais été aussi élevé, ce qui signifie que la liberté de la presse n’a jamais été aussi menacée», alerte l’ONG. Selon le même rapport, trois nouveaux pays font leur entrée dans les bas fonds du classement : le Burundi (160e, -4), l’Egypte (161e, -2) et le Bahreïn (164e, -2). Dans son rapport, RSF classe 21 pays dans la case noire, c’est-à-dire où la situation de la presse est considérée comme très grave : 51 pays (contre 49, l’an dernier) sont au rouge, cela signifie que la situation de la liberté de l’information y est considérée comme difficile. «Au total, près des deux tiers (62,2%) des pays répertoriés ont enregistré une aggravation de leur situation», précise encore l’ONG.
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