lundi 2 octobre 2017

Le gouvernement décidé à exploiter cette énergie

L’exploitation du gaz de schiste n’est plus une option mais un choix intournable pour l’avenir énergétique du pays.» C’est ce qu’a laissé entendre, hier à Arzew, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dont le plan d’action, comme celui de ses prédécesseurs, prévoit le recours aux ressources naturelles non conventionnelles. Ahmed Ouyahia estime que la situation dans laquelle se trouve le pays à tout point de vue exige des dirigeants de mobiliser toutes les ressources existantes pour le bien de la collectivité nationale. Le Premier ministre assure ainsi qu’il n’y a plus de temps à la tergiversation. L’exploitation du gaz de schiste — vivement décriée par des experts, mais aussi et surtout par des organisations et des représentants de la société civile, notamment de certaines régions du Sud — est pour M. Ouyahia un impératif national, en ce sens qu’il est du devoir de l’Etat de préparer l’avenir énergétique de l’Algérie. Le Premier ministre assure que le gouvernement est aussi soucieux des aspects environnementaux et qu’il n’est nullement «aventurier». «Nous estimons que le groupe pétrolier national dispose de capacités nécessaires pour expliquer au peuple algérien qu’il ne s’agit pas là d’une démarche aventurière, mais d’une option visant à garantir l’avenir en matière énergétique», a affirmé Ahmed Ouyahia qui confirme donc le recours à cette ressource énergétique non conventionnelle dont regorge le pays. Le président Abdelaziz Bouteflika avait déjà instruit son gouvernement à «valoriser davantage toutes les ressources et richesses dont dispose le pays, y compris les hydrocarbures fossiles conventionnels et non  conventionnels ainsi que les énergies renouvelables». Face à la crise qui ne cesse de s’aggraver et à la baisse continue des revenus pétroliers, le gouvernement est donc tenu d’exploiter toutes les ressources naturelles dont dispose le pays pour combler le déficit. Il faut souligner que la première tentative d’exploitation de cette énergie non conventionnelle s’est soldée par un échec non pas en raison de manque de ressources et de technicité, mais à cause de l’opposition farouche des populations de la région d’In Salah, endroit où se trouve l’un des bassins expérimentaux de Sonatrach. En 2015 et pendant plusieurs semaines, les populations d’In Salah, soutenues par celles de Ouargla, manifestaient contre ce qu’elles qualifiaient de «gaz de la mort». Leur opposition à l’exploitation de ce gaz non conventionnel était motivée par des arguments scientifiques, selon lesquels la fracturation hydrique poserait un grand problème environnemental et risquerait de polluer la nappe phréatique, vitale pour le sud du pays. Le Premier ministre de l’époque, Abdelmalek Sellal, avait tenté de rassurer sur l’absence de risques de pollution, en vain. En novembre de la même année, le PDG de Sonatrach par intérim, Saïd Sahnoune, avait pris le relais en fournissant des précisions techniques mais aussi économiques sur l’exploitation de ce gaz non conventionnel. Il avait rassuré sur la maîtrise totale des techniques d’exploitation qui ne constituent aucun risque ni sur les eaux souterraines ni sur le reste de l’environnement. L’argument de Sonatrach, et donc du gouvernement pour défendre cette option, est l’accroissement continu de la demande nationale en gaz. Ainsi, en 2015 seulement, l’Algérie avait consommé quelque 35 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Pour assurer l’approvisionnement du marché intérieur sans éroder la valeur des exportations, il est donc nécessaire d’exploiter le gaz de schiste, assurait le gouvernement. Mais l’équipe de Sellal n’avait pas convaincu les manifestants qui campaient sur leur position et qui avaient fini par faire reculer le gouvernement sur ce dossier. Aujourd’hui, le poids de la crise financière est tel que le nouveau gouvernement semble donc décidé à aller vers l’exploitation de cette ressource énergétique non conventionnelle, prenant le risque de provoquer la colère des populations vivant dans zones concernées par l’exploitation. Le gouvernement Ouyahia saura-t-il être plus convaincant que celui de Sellal pour faire passer ce projet et le faire adopter par l’opinion publique ? On le saura bientôt. Le projet initial prévoyait la commercialisation du gaz de schiste à partir de 2022 avec une capacité de 20 milliards de mètres cubes. L’Algérie, faut-il le souligner, dispose de réserves estimées à 19 800 milliards de mètres cubes. Elle est considérée comme la troisième réserve mondiale, derrière la Chine et l’Argentine. Les principales réserves se trouvent, essentiellement, dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf.

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