lundi 4 avril 2016

Autisme et scolarité : Ouverture de classes spéciales

Plusieurs centres de prise en charge des enfants autistes ont été ouverts hier à Constantine et Aïn Témouchent, et dans quelques jours à Alger. Une structure d’aide à l’insertion de l’enfant autiste a en effet été créée à la cité Bouhali Laïd d’El Khroub (Constantine), à l’initiative de l’association El Hayat Amal. Le projet, financé par l’APC d’El Khroub, «répond à l’impératif de prendre en charge les besoins des enfants autistes en assurant leur intégration dans la vie sociale», a confié à l’APS la présidente de l’association, Imène Benghida. Ce centre accueillera une centaine d’enfants atteints d’autisme, âgés entre 3 et 15 ans, selon Mme Benghida. Une équipe pluridisciplinaire composée d’enseignants spécialisés, d’orthophonistes, de psychologues, de sociologues et de psychomotriciens se chargera d’accompagner ces enfants, répartis dans cinq classes. Une structure similaire a également ouvert ses portes à Aïn Témouchent. Le local, affecté par l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), servira pour la formation de psychologues et aussi au suivi des 80 autistes diagnostiqués, a indiqué à l’APS Heddi Saïd, en marge de la commémoration de la Journée mondiale de l’autisme. Pour sa part, l’APC d’Alger-Centre ouvrira dans les prochains jours des classes spéciales pour accueillir des enfants atteints d’autisme. Les premières classes se trouvent à la crèche située sur le boulevard Bougara, à El Biar, selon la convention qui sera signée dans les prochains jours entre l’APC, la direction de l’action sociale (DAS) et l’association nationale Autisme Algérie. La capacité d’accueil des locaux est de 30 élèves de 2 ans et plus. Le président de l’APC d’Alger-Centre, Hakim Bettache, explique que l’équipement, l’aménagement et la formation sont assurés par la DAS en collaboration avec l’ Autisme Algérie. L’association vise ainsi à sensibiliser les responsables des secteurs concernés sur la nécessité de prévoir des places dans les espaces d’accueil destinés à l’enfance, ainsi que la fourniture d’équipements adéquats et de places pédagogiques au niveau des établissements scolaires. Dans la même commune, les écoles primaires Jugurtha et Miaradj disposent déjà de moyens d’accueil des enfants atteints d’autisme. «Nous voulons témoigner, à travers la signature de ce document, notre intérêt pour ne pas pénaliser ces enfants et leurs parents qui ont du mal à trouver des places adaptées dans les établissements scolaires. Notre objectif est de généraliser cette initiative et de  donner l’exemple aux autres APC pour une meilleure prise en charge de cette catégorie d’enfants», explique M. Bettache. Dans le même contexte, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, Mme Meslem, a annoncé les mesures prises en collaboration avec le département de l’Education nationale, dont l’ouverture de classes intégrées en vue de garantir aux autistes un enseignement en milieu scolaire en leur assurant des accompagnateurs pour la prise en charge des aspects psychologique et orthophonie. Des mesures ont été prises pour la prise en charge des autistes, a annoncé avant-hier la ministre, qui révèle que son département a recensé en 2015 «un nombre important» d’autistes en liste d’attente. Des annexes de centres psychopédagogiques spécialisés relevant du secteur ont été ouvertes en vue de prendre en charge un plus grand nombre d’autistes et de faciliter leur intégration dans la société. Mme Meslem a relevé l’élaboration en cours de plusieurs programmes, en coordination avec d’autres secteurs ministériels, pour la prise en charge de cette catégorie, d’un nouveau catalogue de classification des handicaps selon les normes internationales et d’une nouvelle carte de handicapé. Selon le professeur Ould Taleb Mahmoud, pédopsychiatre à l’EHS Drid Hocine, pour une moyenne de 300 naissances, un enfant autiste est recensé, «ce qui nous amène à la conclusion que nous avons pas moins de 60 000 enfants et adolescents atteints d’autisme en Algérie». Le professeur, qui s’est exprimé à maintes reprises sur ce thème, estime que «c’est une spécialité négligée et que le ministère de la Santé doit en faire sa priorité» ; il plaide pour la mise en place d’un programme de formation continue obligatoire à l’intention des thérapeutes, tout en instaurant une culture du dépistage afin de bien prendre en charge cette pathologie, notamment avant l’âge de trois ans.   

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