lundi 4 avril 2016

Ouyahia est-il sur la défensive ?

Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND) et directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, s’aligne à son tour. Il rentre à nouveau dans les rangs après avoir tenté de se distinguer en refusant d’adopter la ligne tracée par le chef du FLN, Amar Saadani, et ses ordonnateurs concernant le cas de l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil. Il n’aura résisté qu’une quinzaine de jours. En effet, le 18 mars dernier, au lendemain du retour triomphal de l’ex-ministre en Algérie, Ahmed Ouyahia avait déclaré, devant des journalistes qui l’ont interrogé, «qu’il n’avait rien à dire sur une affaire qui concerne la justice». Une déclaration qui tranchait avec l’ambiance générale qui régnait chez les proches du pouvoir, très contents de voir un des leurs échapper à des poursuites. Comme par miracle, le patron du RND effectue un virage à 180°. Il décide finalement de commenter de manière loquace l’affaire qui concernait jusque-là la justice. Et comme il ne sait pas faire les choses à moitié, il prend cause et fait avec Chakib Khelil qu’il qualifie même «de compétence mondialement reconnue». Selon lui, l’ex-ministre «a été sali par la rue et les gens qui faisaient des déclarations» reprises systématiquement «par les médias». Exit donc tous les scandales de corruption qui ont ébranlé la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach, dont une affaire est traitée par le tribunal d’Alger. Pis encore. Ayant toujours affirmé, à l’instar de tous les représentants du pouvoir, que «la justice algérienne est indépendante», il soutient que le mandat d’arrêt international lancé, en août 2013, par le procureur d’Alger était fait sur l’ordre d’une autre partie. Pour lui, le procureur général «avait obéi à des ordres», sans citer l’émetteur. DRS ? Ministre de la Justice ? On ne saura rien. Ahmed Ouyahia appelle, dans la foulée, à réhabiliter «les cadres de Sonatrach injustement mis en cause dans les dossiers de corruption». Qu’est-ce qui justifie ce revirement ? Il est vrai que l’opinion publique nationale est habituée, depuis plusieurs années, aux positions d’Ahmed Ouyahia qui présente toujours des arguments pour justifier toutes les situations. Tout récemment, à l’occasion de la présentation du projet de la révision de la Constitution, il avait défendu le retour à la limitation des mandats présidentiels, supprimée en 2008 pour permettre au chef de l’Etat de rester plus longtemps au pouvoir. A l’époque, il avait qualifié «d’antidémocratique le verrou contenu dans l’article 74 de la Constitution de 1996». «La limitation des mandats présidentiels a pour but de garantir l’alternance au pouvoir», soutenait-il, le 5 janvier dernier. Mais cette nouvelle prise de position concernant l’affaire Chakib Khelil montre un Ahmed Ouyahia qui adopte une tactique défensive. A-t-il des appréhensions pour son avenir politique ? Sans nul doute. N’est-il pas chargé frontalement par Amar Saadani qui le somme de quitter son poste à la présidence de la République, après l’avoir accusé d’être responsable du mal fait à des cadres algériens durant les années 1990 ? Il semble avoir pris très au sérieux la menace du chef du FLN qui «ne lui fait pas confiance». De plus, Ahmed Ouyahia semble avoir retenu les leçons de 2013, lorsqu’il avait été poussé à la porte du RND par un mouvement de redressement, quelques semaines seulement après avoir perdu la chefferie du gouvernement. A moins de deux mois de la tenue du congrès extraordinaire de son parti, il semble vouloir prendre ses précautions pour éviter toute mauvaise surprise. Car un autre mouvement de redressement commence déjà à prendre forme pour l’empêcher de briguer un autre mandat à la tête du RND.  

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