samedi 2 avril 2016

Insécurité routière : A quand la fin de l’hécatombe ?

Est-il possible de freiner l’hécatombe routière ? Dans certains pays, la réponse à cette question est non seulement affirmative, mais s’est traduite sur le terrain par des dispositifs responsabilisant toute la société et, en premier lieu, le conducteur. Leurs résultats sont incomparables. En Algérie, la situation ne fait qu’empirer. Chaque jour, les services de sécurité et la Protection civile émettent des communiqués noirs dans lesquels les chiffres donnent froid dans le dos. Le dernier bilan dévoilé par les services de la Protection civile, arrêté au 26 mars, fait état de 3673 interventions dans 1975 accidents où 62 personnes y ont laissé leur vie et quelque 2287 autres ont été blessées. Durant la période du 13 au 26 mars, c’est la wilaya de Aïn Defla qui a enregistré le plus grand nombre d’accidents (28) qui ont entraîné 5 décès et 37 blessés. Elle est suivie de la wilaya de Jijel avec 11 accidents, 3 morts et 13 blessés puis de Bordj Bou Arréridj où 3 Chinois ont perdu la vie dans la collision d’un semi-remorque avec leur véhicule léger sur la RN5. «En raison des perturbations climatiques de ces dernières semaines, les accidents de la route sont en hausse par rapport aux autres jours, affirme le lieutenant Adel Ezzeroug Ezzraïmi, chef du Centre national d’information à la direction générale de la Protection civile. Durant 24 heures seulement (du 22 au 23 mars, nous avons comptabilisé plusieurs accidents, dont 9 très graves provocant la mort de 5 personnes sur le coup et des blessures à 43 autres. Le bilan le plus lourd a été enregistré dans la wilaya de M’sila avec 2 décès et 8 blessés dans deux accidents de la route très graves. La vigilance est vitale dans de pareilles conditions climatiques.» Pour la période des fortes intempéries du 8 au 14 mars, la Gendarmerie nationale dresse un bilan aussi lourd que celui de la Protection civile. Ses services dénombrent pas moins de 216 accidents faisant une quarantaine de morts et 370 blessés. Au classement, le bilan fait ressortir Bouira en tête avec 18 drames, suivie d’Alger, de Médéa puis de Blida. Le milieu urbain a lui aussi son quota dans l’hécatombe. Selon les services de la Sûreté nationale, en février dernier, quelque 1292 accidents ont eu lieu, faisant 53 morts et 1492 blessés. La cause est humaine Même si les bilans diffèrent, la cause reste la même : l’homme. Au volant, les Algériens n’empruntent plus la route pour se déplacer mais pour s’entretuer. C’est un constat sur lequel s’accordent les différents services de sécurité. Même si l’excès de vitesse et l’attitude dangereuse de certains chauffards sont les causes qui reviennent le plus souvent, l’inconscience des piétons est un facteur majeur dans les accidents en zones urbaines. Les conditions météorologiques sont un facteur aggravant qui met à nu le manque de formation des automobilistes à la conduite sur route mouillée ou enneigée. Si les bilans sont lourds, ils sont cependants incomplets et peu fiables en raison de l’absence de suivi. Tous ces chiffres sont relatifs au nombre de blessés et de morts sur le lieu de l’accident. Les blessés qui décèdent en route ou à l’hôpital ne sont pas comptabilisés... L’éducation routière, le parent pauvre En termes de prévention routière, l’Algérie se retrouve à la queue. Pour preuve, tous les dispositifs de répression — à savoir les radars de jour et de nuit, les véhicules banalisés, les retraits de permis, les lourdes amendes — n’ont pas poussé pour autant les conducteurs à respecter le code de la route. L’Algérie garde ainsi sa sinistre place ; le bilan macabre de l’hécatombe routière la met presque au même rang des pays en état de guerre. Les quelques campagnes de sensibilisation et tentatives de revenir vers l’éducation routière, bien que bénéfiques, sont loin de donner les résultats escomptés. Ce qui suscite l’aberration est la présence d’un texte de loi instituant des cours d’éducation routière dans les écoles. Votée en 1987, la loi n°87-09, qui le stipule clairement dans son article 21, est restée lettre morte en raison de la non-publication de son texte d’application. Les militants de la prévention routière souhaitent voir l’application de cette loi, notamment avec la vague de réformes du système scolaire.

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