lundi 25 avril 2016

Les familles non convaincues

La coordinatrice du CHU Mustapha, le Dr Bouchene, a signalé que les six familles approchées par la coordination au cours de l’année ont toutes refusé le don d’organe de leurs proches, qui étaient âgés entre 20 et 45 ans, dont cinq hommes et une femme victimes d’AVC ou de traumatologie routière. La greffe de rein à partir de donneurs en mort encéphalique peine à se réaliser en Algérie. Les équipes médicales qui ont tenté d’approcher des familles ont essuyé des refus catégoriques. L’expérience du Chu Mustapha, où le comité de greffe a mis en place depuis une année tout un programme pour justement relever ce défi, est édifiante. Mais ce comité reste convaincu qu’il y a toujours un espoir d’amener, un jour, les Algériens à demander eux-mêmes ces prélèvements. Les méthodes utilisées sont peut- être à l’origine de cet échec. C’est pourquoi une journée d’étude consacrée à la place de la coordination hospitalière dans les prélèvements d’organes et de tissus est organisée, depuis hier, au sein de l’établissement  et animée par des spécialistes algériens et étrangers qui ont déjà une expérience dans le domaine, notamment la coordination  hospitalière du prélèvement à l’hôpital Saint-Louis (Paris). Après avoir rappelé toutes les actions initiées dans le cadre de cette activité avec l’objectif d’augmenter le nombre de dons de donneur vivant et l’introduction du don à partir du coma dépassé, la présidente du comité greffe et chef de service d’immunologie, le Pr Malika Benhalima, a  relevé des insuffisances suite aux différentes simulations entreprises, dont le manque de chirurgiens préleveurs et de personnel spécialisé dans la greffe, l’absence de communication et bien sûr la réticence des familles. «Pour l’année 2015, l’hôpital a réalisé son objectif avec 54 greffes de donneurs vivants apparentés au lieu de 50. Nous comptons réaliser 80 greffes pour l’année 2016», a-t-elle indiqué. L’approche de la famille constitue donc un projet, selon les différents orateurs. Tenter de convaincre une personne qui vient de perdre un proche est une lourde tâche qui nécessite beaucoup  d’explications. «Il est très difficile d’avoir l’accord d’une famille pour un don, si leur proche n’est pas pris en charge dans de bonnes conditions. Nous connaissons l’état de nos hôpitaux. C’est à ce niveau qu’il faut d’abord commencer à changer les choses.» Du point de vue religieux, tout est clair. Il est bien dit : «Si vous sauvez une vie humaine, vous avez sauvé toute l’humanité», a souligné le Pr M’hamed Benredouane, dermatologue et ancien ministre des Affaires religieuses. Il relève qu’il y a un recul de la société algérienne concernant la solidarité, notamment pour le don d’organe. A la question de savoir comment aider la communauté médicale à sensibiliser justement sur ce sujet, le Pr Benredouane estime qu’«il faut devenir crédible et changer les habitudes et les comportements au sein des hôpitaux». Par ailleurs, il recommande l’institutionnalisation d’un organe qui sera le seul à délibérer sur ce sujet, surtout que l’aspect émotionnel prend le dessus sur le rationnel devant de telles situations, notamment le décès. «Il est difficile à un parent qui perd son fils d’accepter rapidement le prélèvement d’organe sur son enfant», a-t-il insisté. Le rôle de la coordination hospitalière est donc primordial. «C’est la pierre angulaire de cette activité qui nécessite la compétence, la maturité, la volonté et l’expérience dans les services d’urgence de réanimation», a expliqué France Roussin, coordinatrice hospitalière du prélèvement à l’hôpital Saint-Louis. L’annonce du décès et la demande de don doivent être dissociées. Il faut d’abord s’assurer que la famille ait compris tout ce que le médecin réanimateur et la coordinatrice ont expliqué pour enfin s’engager dans la deuxième partie de l’entretien. «La confiance, l’accueil, l’image que l’on donne de soi et inspirer un sentiment de compétence sont autant d’éléments déterminants dans la prise de décision de la famille», a-t-elle expliqué. La coordinatrice du CHU Mustapha, le Dr Bouchene, a signalé que les six familles approchées par la coordination au cours de l’année ont toutes refusé le don d’organe de leurs proches, qui étaient âgés entre 20 et 45 ans, dont cinq hommes et une femme victimes d’un AVC ou de traumatologie routière.  

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