vendredi 1 avril 2016

Ma seule ambition, servir la population de Bab El Oued

Pilote de profession, Athmane décide, par sentiment citoyen, de se lancer dans la politique. Il devient, à 33 ans, P/APC de Bab El Oued, une commune  dont la gestion a toujours été compliquée. Vous avez hérité de l’une des communes les plus populaires et les plus surpeuplées d’Alger, Bab El Oued. Vous avez fait face à plusieurs chantiers, dont la crise du logement et celle du travail. La wilaya d’Alger a engagé plusieurs opérations de relogement depuis 2013. Vous en êtes où jusque-là ? La crise du logement était notre première préoccupation car nous avons une forte densité de population avec plus de 80 000 habitants qui vivaient sur une superficie d’1,7 kilomètre carré, pour ne prendre que les statistiques de 2007 comme exemple. Nous avions en charge le dossier des 47 bâtiments connus sous le nom d’Immeubles menaçant ruine (IMR) où vivaient plus de 500 familles. 10 autres bâtiments ont été ajoutés à la liste après le séisme d’août 2014. J’avoue que c’était une situation difficile à gérer, surtout pour un jeune P/APC comme moi. Mais nous avons pu reloger toutes les familles de IMR, sauf celles de 7 immeubles qui vont être incessamment relogées. 37 familles ont déposé des recours. Nous allons nous réunir avec le wali délégué pour en finir définitivement avec ce dossier. Les dossiers sont actuellement au niveau de la commission installée à la wilaya déléguée. Nous avons aussi 600 familles qui habitent toujours les terrasses et les caves. C’est l’un des dossiers les plus épineux auquel nous faisons face. Leur relogement est prévu pour la prochaine opération portant le n°21. Il nous reste le centre de transit qui abrite depuis 2013 les familles victimes des inondations de Bab El Oued (2001) dont les bâtiments sont devenus précaires. Le wali a demandé leur dossier. Ils vont être relogés et l’assiette récupérée sera utilisée pour construire un tribunal. Nous avons aussi un quota de 140 logements sociaux qui vont être distribués prochainement après l’opération des terrasses et caves. Il faut savoir que nous avons 4000 demandes de cet ordre. Elles seront traitées après l’opération des terrasses et des caves. Pour l’emploi, notre APC a créé 425 postes pour nos jeunes et contribué à employer d’autres dans certaines entreprises comme Sonelgaz, au port d’Alger, etc. Comme on peut le constater, à Bab El Oued les bâtiments demeurent encore dans un état précaire et constituent une menace pour les habitants. Y a-t-il des opérations de réhabilitation de prévues ? Effectivement, nous avons un programme de réhabilitation de prévu. Il ne faut pas oublier que ces immeubles, qui n’ont pas été rénovés depuis plus de 30 ans, appartiennent tous à l’OPGI et à la régie foncière. L’APC n’est pas habilitée à lancer ce genre d’opération. Néanmoins, nous avons trouvé un accord au cours d’une réunion que nous avons organisée le mois dernier avec le wali délégué. 15 milliards de centimes seront débloqués sur le budget communal. L’opération touchera l’ensemble des bâtiments. De plus, les opérations de relogement nous ont permis de récupérer des assiettes de terrain que nous pourrons exploiter pour lancer d’autres projets prochainement. Justement, parlez-nous de ces projets prévus pour votre commune… Nous avons récupéré une assiette de 500m2 avec la démolition de l’immeuble situé au 6 rue Brahim Gharafa. Le projet de construction d’une maison de jeunes sur ce terrain est prévu par la Direction de la jeunesse et des sports depuis plus de deux ans. Nous attendons depuis, car nous n’avons aucune réponse depuis. Il est malheureux de constater qu’il n’existe pas de maison de jeunes dans un quartier comme Bab El Oued. Où voulez-vous que nos jeunes s’épanouissent ? Même les associations n’ont pas de lieu pour se réunir ! Nous avons récupéré aussi un terrain au niveau du cinéma Richelieu que nous allons utiliser pour la réalisation d’une bibliothèque R+3 pour un montant de 74 millions de dinars. Ce projet est une première pour notre commune et profitera à nos enfants, nos élèves et nos étudiants. Nous avons aussi récupéré deux assiettes au niveau du 2, rue des Deys qui serviront pour la réalisation d’une crèche pour un montant de 58 millions de dinars. Nous allons réaliser deux terrains de football de 5e génération au niveau de Berrezouane pour un montant de 24 millions sur une superficie de 500 m2. Ces projets vont être entamés à partir du mois prochain. Vous êtes jeune, réputé proche du peuple et de la société civile. Un prodige, comme on le dit ici. Vous évoluez dans un quartier populaire où il n’est pas toujours facile de gérer certaines situations. Cela fait quoi de passer de pilote à P/APC ? C’est moi qui ai choisi de me présenter aux élections pour devenir P/APC de Bab El Oued alors que j’étais et que je demeure pilote chez Tassili Airlines. D’ailleurs, aucun parti ne m’a accepté, hormis un seul qui j’ai quitté plus tard. Pilote est un métier que j’adore. Je remercie d’ailleurs le directeur d’exploitation, le PDG et les syndicats de Tassili Airlines qui m’ont toujours soutenu. Le fait de voyager et d’étudier à l’étranger comme à Oxford (Londres) et dans d’autres pays comme les Etats-Unis d’Amérique m’a permis de prendre conscience de l’évolution des autres contrées. C’est ce qui m’a poussé à réfléchir davantage à mon pays, et à mon quartier plus particulièrement. Beaucoup me demandent pourquoi je suis passé de pilote à président d’APC ! Je leur ai toujours dit que je faisais ça par amour pour mon quartier d’enfance auquel je me sens redevable. Bab El Oued m’a tout donné. Je sais que j’ai aidé beaucoup de gens, mais je reste conscient que j’en ai certainement déçu d’autres. Le plus important est de faire son travail convenablement et défendre les l’intérêts de sa commune et de sa population. Je veux que mon quartier évolue. La communication reste un levier. Un maire doit être en contact permanent et direct avec sa population. C’est un bonheur de voir l’accueil et sentir l’amour des gens. Il reste un point noir dans Bab El Oued, à savoir le marché des Trois Horloges. Je fais la promesse que les marchands auront un marché digne de ce nom avant la fin de mon mandat. Quelles sont les difficultés que peut rencontrer un P/APC dans l’exercice de ses fonctions ? Un P/APC qui veut travailler et qui veut avoir des résultats positifs doit tout faire pour atteindre ses objectifs. Il doit communiquer avec sa population, être près de ses administrés et défendre les intérêts sociaux et matériels de sa commune auprès des autres administrations. La difficulté réside parfois avec cette dernière. L’administration doit faire confiance aux élus. Pour vous donner un exemple concret, je cite l’affaire des 65 célibataires résidant dans des terrasses et des caves et qui n’ont pas encore bénéficié des opérations de relogement entamées jusque-là. Si la wilaya refuse de les reloger, comment voulez-vous que je fasse ? Il est inconcevable de les mettre dehors. Ils ont tous plus de 40 ans et s’ils sont là c’est parce qu’ils n’ont pas où aller. Que diriez-vous aux citoyens qui se voient refuser la demande de logement que j’ai pourtant signée avec le wali délégué attestant qu’ils y ouvrent droit ? Ces derniers se retournent contre moi en pensant que c’est moi qui les ai privés de logement ! C’est nous les élus qui connaissons la situation de nos quartiers et celle de nos concitoyens, la raison pour laquelle j’ai parlé de confiance entre les élus et l’administration. Y a-t-il des projets en dehors de ceux de la commune ? Il y a le projet de la baie d’Alger initié depuis 4 ans par la wilaya. Nous nous sommes réunis mercredi dernier avec le wali délégué à qui j’ai proposé un plan pour faire bénéficier notre commune de ce projet. Nous allons signer des conventions avec les boîtes de publicité qui vont exploiter nos espaces. En contrepartie, elles vont financer l’aménagement de nos jardins publics, la place El Kettani, les grands boulevards Taleb Abderrahmane et Saïd Touati. Nous allons recevoir 7 piscines d’ici 2017. Le projet de la baie d’Alger va enfin voir la lumière à partir de 2020. Des ambitions… un 2e mandat ? Servir la population de Bab El Oued (rires). Nous sommes encore jeunes et nous avons beaucoup à donner. Nous avons arraché le flambeau, mais nous n’avons toujours pas la confiance des responsables du pays. Ces derniers doivent laisser la place aux jeunes compétences. Personnellement, j’ai beaucoup d’ambition et j’ai d’autres projets à réaliser au profit de Bab El Oued et la capitale. Pour le prochain mandat, c’est à la population de juger s’il est nécessaire que je me représente. Je continuerai à servir mes concitoyens avec grand plaisir, sinon je reprendrai mon métier de pilote et je m’occuperai de ma femme, mon enfant et mes deux chers parents. Cela ne m’éloignera pas de Bab El Oued et de sa population.

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