Les syndicats autonomes représentant plusieurs secteurs névralgiques, entre autres l’éducation, la santé, la formation professionnelle, les vétérinaires, les postiers, les mécaniciens navigants d’Air Algérie… haussent le ton. Ils menacent de riposter vigoureusement à travers des grèves, des manifestations et des marches dès la rentrée sociale si le gouvernement ne sursoit pas aux mesures «antisociales» adoptées lors du dernier Conseil des ministres et ne prend pas en charge leurs revendications socioprofessionnelles. La décision des syndicats a été entérinée, hier, à l’issue d’une réunion tenue au siège du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP). Ainsi, le gouvernement donne encore une fois une «occasion» en or aux syndicats d’unir leurs rangs et éventuellement remettre sur rails l’idée d’une confédération regroupant les organisations syndicales ayant les mêmes objectifs et un dénominateur commun. Que revendiquent aujourd’hui ces organisations syndicales ? Il y a quelques années, elles se rejoignaient sur la question de la politique salariale et sur la revendication portant sur leur association à la prise de décision en tant que partenaire social. Aujourd’hui, en plus de ces deux points qui sont remis sur le tapis, les syndicats ont fait cause commune autour du projet de loi relatif à la retraite qui ne sert pas, selon eux, les intérêts socioprofessionnels des travailleurs. Ils rejettent surtout l’annulation de la retraite proportionnelle. Pour eux, ce n’est pas en portant atteinte aux droits et acquis des travailleurs que l’on sauvegarde la paix sociale. Les syndicats qualifient d’«aberration» et de «mascarade» une telle mesure instituée par décret dans les années où les entreprises mettaient la clé sous le paillasson. Ainsi, les représentants des fonctionnaires sont convaincus qu’en prenant cette décision, le gouvernement a porté atteinte à un «acquis irréversible» d’autant que d’autres solutions plus appropriées existent pour une bonne gestion de la Caisse de retraite. «Revoir la politique salariale» L’autre préoccupation des syndicats est la politique des salaires qui n’existe quasiment pas dans notre pays. Il n’y a, selon les responsables des syndicats autonomes, aucune référence, ni logique que l’on puisse retenir dans les salaires. Les salaires sont attribués au gré des décideurs. C’est pourquoi les syndicats demandent au gouvernement de revoir, ou plutôt de mettre sur place une politique salariale qui tienne compte de l’inflation galopante avec une prime compensatrice et du rang social que doit occuper la classe moyenne, hélas laminée. «Nous ne comprenons pas la logique du gouvernement ni les critères sur lesquels il se base pour l’octroi des salaires. Les pouvoirs publics éprouvent des difficultés à débloquer une somme pour un tel secteur, mais pour répondre à un objectif précis et récompenser les députés qui ont approuvé le projet de la nouvelle Constitution, ils trouvent de l’argent et ne se gênent pas pour augmenter leurs salaires», s’insurge Meziane Meriane, responsable du Syndicat des enseignants du secondaire (Snapest). Ce dernier cite également l’exemple des magistrats et des policiers, dont les salaires ont connu une augmentation conséquente. «Pour justifier cette hausse des salaires pour ces catégories de travailleurs, les pouvoirs publics ont estimé que cela s’imposait afin de les mettre à l’abri du phénomène de la corruption. Ceci est inacceptable ! Où est la politique des salaires qui devrait instaurer pour un même diplôme un même poste et un même salaire», demandent les syndicats, qui dénoncent les disparités entre les mêmes fonctionnaires et ouvriers. «Pourquoi le salaire des ministres et des hauts cadres est-il tabou ? Pourquoi ne dit-on pas sans complexe ce que touche un fonctionnaire qui occupe tel poste, qu’il soit ministériel ou autre ?» ajoutent-ils. Par ailleurs, les organisations syndicales appréhendent le nouveau projet portant révision du code du travail en gestation, qui renfermerait des dispositions remettant en cause certains acquis, dont le droit à l’exercice syndical.
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