Les prix de la location sont chers durant l’été. Comment expliquez-vous cette situation ? La hausse des prix de la location courte durée pendant la saison estivale est un phénomène connu partout dans le monde ; on le voit à Paris, New York ou à Rome. Cependant, si le niveau annuel des augmentations de ce type de loyers demeure minime et admissible dans les autres pays, en Algérie il atteint des niveaux spectaculaires. Ainsi, les locations estivales ont connu une augmentation de 60% en moyenne dans les villes côtières en 2 ans seulement. La location près du complexe Eden Palace à Aïn Turck (Oran) est passée de 6000 DA la nuitée en 2014 à 10 000 DA en 2016. Même constat pour la wilaya de Béjaïa, très prisée pour ses plages, où les prix de la location en 2014 commençaient à partir de 4500 DA la nuit, et qui ont atteint les 7000 DA la nuitée cette année pour la location la moins chère, soit une augmentation de plus de 55%. On constate que cette année les prix de la location dans vos villes côtières rivalisent avec ceux pratiqués dans les capitales européennes. La nuitée à Rome est à partir de 8000 DA, 6500 DA à Paris et 7000 DA à Barcelone. L’absence d’équipements touristiques spécifiques à cette période de l’année, surtout dans les régions du littoral et en zones montagneuses, est l’un des facteurs de la hausse des loyers. Comment l’expliquez-vous ? Effectivement, l’absence d’équipements touristiques favorise la hausse anarchique des loyers. Vu le nombre limité des structures d’accueil, surtout les hôtels et les complexes touristiques au niveau des 14 wilayas côtières, ce sont les particuliers qui répondent à la forte demande sur ces régions pendant la saison estivale et ce sont eux qui fixent les prix. L’augmentation de la demande sur nos plages est favorisée ces dernières années par les événements qui ont secoué certaines destinations étrangères qui étaient prisées par les Algériens, ce qui a participé à doper la demande interne. D’autres facteurs ont contribué à l’augmentation des prix des locations, surtout la forte dévaluation qu’a enregistrée la monnaie nationale notamment par rapport à l’euro. Une grande partie des habitations privées proposées à la location dans les zones côtières est destinée aux émigrés, ce qui explique pourquoi les prix sont affichés en euro dans les annonces immobilières. Aussi, et même si les propriétaires maintiennent les mêmes prix en euro de l’année passée, la dévaluation du dinar fait augmenter automatiquement le prix affiché en monnaie nationale. Ainsi, on constate que la règle de l’offre et la demande reste maîtresse sur ce segment du marché immobilier qui est dominé par les particuliers, loin de toute régulation par l’Etat. Donc, le faible rythme de réalisation des infrastructures touristiques, conjugué à la hausse de la demande, conduira inéluctablement à la hausse des prix des locations estivales. Toutefois, le problème de la régulation des locations en Algérie est général. Ce segment de l’économie algérienne n’est pas encadré. L’Etat doit baliser ce domaine afin de le rendre accessible à plus de monde, en interdisant par exemple l’avance annuelle des loyers pour les logements destinés à l’habitation, une pratique très répandue depuis la décennie noire. Des propositions ont été faites par Lkeria.com pour «une sortie de la crise du logement en 2017». Vous avez préconisé des solutions pour dynamiser le marché locatif. Y a-t-il eu un écho ? On n’a pas encore reçu de retour. Nous avons l’impression que nos propositions font peur à tout le monde. Mais nous ne baisserons pas les bras. C’est pour cette raison que nous comptons détailler chaque proposition à part, en commençant par les plus simples à mettre en œuvre. Il est inéluctable de participer au changement des mentalités et notre société doit s’adapter aux standards internationaux. La première proposition que nous avons faite et pour laquelle nous militons pour sa mise en œuvre est l’interdiction de l’avance annuelle des loyers. Nous pensons que si le code civil est amendé dans ce sens, d’ici la fin de l’année, les autres propositions pourront suivre en 2017, bien sûr avec l’aide et l’appui de nos élus au Parlement et du gouvernement.
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