Ces jours-ci, la Reine des Zibans subit les affres d’une canicule sans précédent. Dès le matin, le soleil, semblant à portée de main, aveuglant les regards et incitant les plus téméraires à ne pas mettre le nez dehors. De petite oasis au cachet saharien prisée par les touristes du monde entier, elle est devenue en quelques années une agglomération de 400 000 habitants, lesquels ont appris à y vivre et à s’adapter à ses températures estivales extrêmes. Si jusqu’aux années 1970, Biskra se vidait irrémédiablement de ses habitants allant chercher un peu de fraîcheur dans les villes et les villages septentrionaux, il semblerait que cela ne soit plus le cas. A cause d’obligations professionnelles ou autres, de nombreuses personnes y restent durant les mois de juillet et août. Il est 8h30. La circulation automobile au centre-ville dénote d’une activité comparable à celle de la période hivernale. Les alentours du marché central sont bondés de monde. Chacun vaque à ses occupations. Casquettes et chapeaux sont de mise. On préfère faire ses emplettes le matin. Des retraités assis sur un banc public du jardin Larbi Ben M’hidi devisent. «Il ne faut pas s’attendre à voir de la neige à Biskra au mois de juillet, nous sommes en période de «semma» (pic annuel de chaleur) et, dans quelques jours, le temps va se rafraîchir. Les dattes ont besoin de cette chaleur pour mûrir. Dans le temps, nos maisons étaient en terre battue avec des murs de 60 cm d’épaisseur et nous n’avions pas besoin de climatiseur pour supporter cette chaleur», répond l’un d’entre eux à une interrogation sur les changements climatiques. Halim est mécanicien. Il ouvre son garage de 8 à 13h et parfois le soir après 19h pour les urgences. «Je suis obligé de travailler car personne ne me donnera de quoi vivre. Il faut éviter de rester au soleil, boire beaucoup d’eau et accepter son sort», dit-il, plein de sagesse et de courage. «On se demande pourquoi nos ancêtres sont venus occuper ces lieux hostiles», s’interroge un jeune homme plein d’humour, les écouteurs d’un smartphone vissés aux oreilles. Hommage à Haviland Carrier Sans ironie aucune, il ajoute qu’il rend grâce à Dieu, à la science et à Willis Haviland Carrier pour avoir inventé la climatisation moderne en 1902. «Je ne sors pas le jour ou juste quand c’est vraiment nécessaire. Je préfère mourir que de vivre à Biskra sans climatisation et sans connexion internet», lance-t-il pour évoquer ses activités estivales. En effet, les climatiseurs tournent à plein régime à Biskra en cette période. Pas une maison, une administration, un bâtiment, un kiosque, une épicerie qui n’en soit équipé. La seule hantise des habitants de Biskra est qu’une panne d’électricité vienne hypothéquer leur confort et celui de leurs proches les plus démunis face à la canicule, tels que les malades, les enfants en bas âge et les personnes âgées qu’il est conseillé d’hydrater régulièrement et de maintenir dans des chambres à une température ambiante de 24°C alors que celle enregistrée à l’extérieur frise souvent les 48 et 50°C. «Vive la fée électricité et la SDC Biskra», sont enclins à crier nombre de nos interlocuteurs quand on leur parle de chaleur et de soleil.
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