mardi 3 octobre 2017

Défaillances dans le secteur public

Le Plan anticancer n’est pas un échec. Mais l’absence de moyens et l’entretien du matériel existant posent de réels problèmes. C’est du moins ce qu’indique le professeur Bouzid, président de l’Association algérienne d’oncologie médicale. Invité de la Chaîne 3 de la Radio nationale, le professeur, qui est également chef de service oncologie du Centre Pierre et Marie Curie d’Alger, a mis en cause l’absence d’entretien du matériel médical. Le professeur Bouzid a déploré les «problèmes de maintenance» concernant notamment les scanners de simulation, citant l’exemple du scanner de l’hôpital de Constantine qui est en panne depuis près de deux mois à cause d’un «problème banal de maintenance, alors que cela n’existe pas dans le secteur privé». «Ces problèmes sont liés directement aux gestionnaires des hôpitaux et non pas au personnel médical ou paramédical», a-t-il encore indiqué, soulignant que «tout fonctionne dans le secteur privé où l’on ne se plaint pratiquement pas de panne de matériels ou d’équipements». Mais les maux du secteur ne se limitent pas au matériel. «L’une des failles majeures en Algérie consiste en l’absence d’enregistrement de médicaments innovants depuis 5 ou 6 ans, sans aucune explication de la part du ministère de tutelle et de la Pharmacie centrale», faisant observer que «ce sont des médicaments validés en Europe et aux Etats-Unis». Cela ne veut pas dire que tout est noir. Le professeur Bouzid rappelle que le Plan anticancer a donné des résultats. «Il est vrai que la prise en charge des cancéreux en Algérie est meilleure comparativement aux années précédentes et peut être encore améliorée pour peu que les moyens soient optimisés». Il a relevé qu’une dizaine de centres publics de radiothérapie sont actuellement fonctionnels, auxquels s’ajoutent 5 centres privés, ce qui fait que le retard accusé en 2012 est «largement résorbé» au niveau national. Il a rappelé dans ce sens que le nombre d’accélérateurs de radiothérapie est passé de 6 à 30, citant l’exemple du centre anticancer de Tlemcen qui a été mis en service depuis une vingtaine de jours, ce qui permet de soulager la pression sur le centre anticancer d’Oran. Cela n’est pourtant pas suffisant. Car le nombre de malades ne cesse de croître. Il a précisé que le nombre de nouveaux cas recensés est passé de 80 pour 100 000 en l’an 2000 à 130 pour 100 000 actuellement. Pour cela, il a préconisé de mettre en place un plan de «prévention contre le cancer que d’envisager une action purement thérapeutique». Il a cité l’exemple du cancer du sein chez la femme en Algérie, et a relevé qu’«il y a 10 000 nouveaux cas par an actuellement qui passera à 15 000 nouveaux cas/an en 2020», précisant que «les coûts de prise en charge sont estimés entre 300 000 DA et 5 millions de dinars par patiente, car il y a des médicaments qui coûtent environ 40 000 euros par patiente et par an.» Concernant l’évolution de la maladie, le professeur Bouzid a donné l’exemple du cancer colorectal. Ce type de cancer est en «nette progression» en l’Algérie aussi bien chez l’homme que chez la femme en raison des changements dans le régime alimentaire. Le Plan anticancer a été lancé en 2015. Il est dirigé par le professeur Messaoud Zitouni. Il est en cours jusqu’en 2019.  

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