dimanche 1 octobre 2017

Un rassemblement des familles des disparus empêchés

Pas de remise en cause de la charte pour la paix du président Bouteflika !» C’est le message que semblent vouloir adresser les autorités en empêchant la tenue, durant la matinée d’hier à Alger, d’un rassemblement auquel ont appelé le Collectif des familles des disparus (CFDA) et SOS disparus. Un important dispositif policier a été dépêché très tôt aux alentours de la Grande Poste pour interdire toute réunion de plus de trois personnes. En civil et en uniforme, les agents de la police se sont rués sur les premiers groupes de manifestants qui ont fait leur apparition sur les lieux. Interpellés brutalement, ils ont été conduits manu militari au commissariat central où ils ont été retenus pendant de longues heures. «Les policiers nous ont interpellés dès le début du rassemblement. Nous sommes à l’intérieur du commissariat», témoigne Hassan Ferhati, un des membres des familles des disparus. Les personnes interpellées n’ont été libérées que vers 15h30. Les deux collectifs ont programmé le rassemblement d’hier pour rappeler à l’opinion que la charte pour la paix et la réconciliation nationale n’effacera pas les séquelles de la perte d’êtres chers, dont le sort reste encore inconnu plusieurs années après la décennie noire. «En 2005, avec l’adoption de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, les autorités algériennes ont déclaré le dossier des disparus définitivement clos, selon elles. De plus, avec la mise en œuvre des textes d’application de la charte, elles ont prétendu avoir pris en charge le dramatique dossier des disparus», expliquent les deux collectifs dans un communiqué commun. Les douze années qui ont succédé à l’adoption de la charte, lit-on dans le même communiqué, «ont signifié la consolidation du déni à la vérité et à la justice pour toutes les victimes». «L’adoption de la charte pour la paix et la réconciliation nationale n’a en aucun cas permis d’élucider la question des disparus. Bien au contraire, cette charte ouvre la porte à l’impunité en offrant l’amnistie aux auteurs des crimes et la referme concernant le droit de vérité et le droit à la justice», précise la même source. Le collectif rappelle également le contenu des articles de l’ordonnance n°06-01 portant mise en œuvre de la charte qui «verrouillent toute possibilité d’action judiciaire à l’encontre des agents de l’Etat, les familles poursuivent le combat afin que lumière soit faite sur le sort de leurs proches disparus». Pour le collectif, la lutte pour la vérité sur le sort des victimes «est d’autant plus douloureuse que les conditions imposées pour obtenir l’indemnisation proposée par la charte revient à un déni du droit à la vérité, du droit à la justice, du droit à la réparation et à la mémoire de l’ensemble des victimes du conflit». Les deux collectifs appellent, dans la foulée, «le gouvernement à respecter enfin les droits des victimes, en ouvrant des enquêtes pour faire la lumière sur le sort de toutes les personnes disparues et en poursuivant et jugeant les responsables de ces violations».

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