dimanche 1 octobre 2017

Venezuela, Nigeria, Angola et Egypte : Des pays ébranlés par la crise

Les grands producteurs d’or noir continuent de payer leur dépendance aux hydrocarbures dont les cours ont drastiquement chuté depuis juin 2014. Parmi les pays qui en souffrent le plus, le Venezuela est un cas emblématique. Premier exportateur de pétrole d’Amérique latine, le Venezuela est en proie à une grave crise économique et politique, qui a commencé sous le défunt président Hugo Chavez et se poursuit sous son successeur Nicolas Maduro. Le pays, dont la dépendance au pétrole est presque totale, souffre d’un manque alarmant de devises qui l’a plongé dans une crise aiguë, mêlant pénuries alimentaires et de médicaments, inflation et récession. La hausse des prix devrait atteindre 720% en 2017, selon le FMI, la plus élevée au monde. Le PIB a chuté de 11,3% en 2016, selon des estimations officieuses. La Banque mondiale prévoit une contraction de 7% cette année. L’agence financière Standard and Poor’s mettait en garde, en juillet dernier, contre une possible incapacité du pays à honorer sa dette dans six mois. A l’instar du Venezuela, le Nigeria est significativement touché par la chute des prix du brut, même si l’or noir pèse pour seulement un tiers du PIB du pays. L’économie du Nigeria s’est effondrée au point de perdre, en 2016, sa première place en Afrique, ainsi que celle de premier exportateur de pétrole. «Le Nigeria est soudainement devenu un pays pauvre», s’alarmait le président Muhammadu Buhari, en août 2016. La crise a provoqué une inflation galopante, le gel des investissements en raison des pénuries de devises étrangères et licenciements de masse. Le pays le plus peuplé du continent — avec 170 millions d’habitants — continue de s’enfoncer dans l’obscurité : la production électrique, qui connaissait déjà d’immenses difficultés avant la crise avec à peine 6000 mégawatts, a plongé à 2500 MW. L’agriculture est le seul secteur à enregistrer de la croissance, alors le secteur bancaire s’effondre, suivi de celui des services et de l’industrie, en déclin depuis le début de l’année 2016. Le cabinet de conseil économique BMI Research prévoyait un repli de la croissance nigériane à 4,3% sur les dix prochaines années, alors que le pays avait enregistré une moyenne de 6,8% sur la dernière décennie. La situation est autrement plus complexe pour l’Angola. Le régime du désormais ex-président José Eduardo dos Santos est tombé, comme la plupart des pays producteurs de pétrole, dans le piège de la malédiction des matières premières. L’Angola, qui affichait jusqu’à récemment parmi les plus forts taux de croissance d’Afrique, subit de plein fouet la chute des prix du pétrole. Car, à elles seules, les recettes de l’or noir assurent près de 75% des rentrées fiscales du pays, plus de 90% des devises étrangères et presque autant en exportation. Par conséquent, la croissance a été quasi nulle en 2016 et pourrait être de seulement 1,3% cette année, selon le FMI. La dette publique dépasse les 70% du PIB et le déficit budgétaire pourrait dépasser les 6% du PIB, selon la Banque mondiale. Le pays enregistre également un taux d’inflation qui atteint les 30% dont les effets sont conjugués à une pénurie de dollars qui freine sensiblement l’importation. Par ailleurs, l’Egypte, un des géants de l’Afrique, peine à relancer une économie aux abois. Sous la pression de ses partenaires internationaux, l’Egypte s’est livrée à des politiques économiques impopulaires qu’elle avait évitées jusqu’à présent. Avec le flottement de la livre égyptienne, la monnaie nationale a perdu la moitié de sa valeur par rapport à l’euro et au dollar. Dans la foulée, le gouvernement a drastiquement réduit les subventions étatiques, notamment sur l’énergie et les carburants ainsi que sur des biens de consommation jugés non prioritaires. Conséquence : le taux d’inflation annuel a atteint 33,2% en août 2017 par rapport à août 2016, selon les chiffres officiels égyptiens. Dans ce contexte, le pouvoir d’achat des Egyptiens a considérablement diminué. Les experts économiques estiment que cette situation affecterait désormais la moitié des plus de 93 millions d’habitants du pays. Le FMI avait approuvé en novembre 2016 un vaste plan d’aide au profit de l’Egypte de 12 milliards de dollars sur trois ans. Depuis la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak, l’Egypte souffre d’une forte chute des revenus du tourisme et du ralentissement des investissements étrangers, causés par l’instabilité politique et l’insécurité.  

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