Le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Ali Haddad, tombe le masque. Ayant, à maintes reprises, affirmé qu’il «ne fait pas de la politique» en réponse aux accusations venant notamment de la patronne du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, il a fini par se trahir. Intervenant, samedi dernier, lors d’une conférence dans la ville de Tizi Ouzou, l’entrepreneur a parlé beaucoup plus de politique que de la «stratégie» de son organisation pour contribuer à la sortie de la crise économique dans laquelle s’enfonce le pays. Sans retenue aucune, l’homme d’affaires s’est comporté comme un porte-parole du pouvoir, se confondant même avec ce dernier. «Nous dérangeons ceux qui veulent imposer à l’Algérie une transition violente», lance-t-il en faisant allusion à la demande d’une large majorité de l’opposition qui exige «une transition négociée» pour sortir le pays dans la crise politique actuelle. En employant ce «nous», le chef du FCE confirme qu’il ne parle pas en son nom personnel mais en celui d’un groupe qui pourrait être le détenteur des clés du pouvoir et dont il est l’un des principaux soutiens. Sa déclaration, similaire à celles des responsables des partis qui font partie du gouvernement, constitue une interférence inédite dans les affaires des formations politiques légales, qui sont libres d’émettre toutes les propositions qu’elles souhaitent. Ali Haddad s’aligne aussi sur les positions «officielles» en évoquant le cas de l’ancien ministre de l’Energie et Mines, Chakib Khelil, qui est rentré avec les honneurs après trois années de cavale. Il prend même sa défense : «Chakib Khelil est un homme qui a servi son pays et il est le bienvenu.» «Il y a eu des problèmes et il a dû partir, mais il est chez lui», lance-t-il. Le patron de l’ETRHB se permet même une intrusion dans les affaires de la justice en affirmant qu’«il n’y a ni affaires Sonatrach 1 ni Sonatrach 2», qui sont pourtant deux grands scandales de corruption qui ont ébranlé l’entreprise nationale des hydrocarbures. Le procès de la première affaire, qui a duré plus d’un mois, vient juste d’être clôturé. Le second n’est pas encore ouvert en Algérie, mais il est en cours en Italie. «La justice n’a rien retenu contre lui (Chakib Khelil, ndlr) et toutes les personnes entrées en justice ont été acquittées», lance-t-il, ignorant que des condamnations ont été prononcées contres les prévenus dans l’affaire Sonatrach 1. Le président du FCE va encore plus loin en insinuant que les soupçons et même le mandat d’arrêt international contre l’ancien ministre «est une affaire personnelle». «El fahem yefham (comprend qui veut)», dit-il. L’entrepreneur, dont la société a fait fortune grâce aux marchés publics, s’est mis aussi dans la peau d’un chef de gouvernement qui mène des réformes économiques : «Nous dérangeons les lobbies qui n’ont aucun intérêt à ce que la production nationale prospère et ceux qui profitent de la rente pétrolière et se complaisent dans l’assistanat...» Ali Haddad a-t-il décidé enfin de se positionner comme le chef de file du «pouvoir parallèle», comme le qualifient certains responsables politiques ? En tout cas, ses déclarations ravivent les soupçons sur ses intentions et ses ambitions politiques.
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