L’épouse de l’Algérien (40 ans) arrêté à Salerne (Campanie), alors qu’il attendait le bus pour rentrer chez lui, samedi dernier, accusé d’avoir fourni de faux papiers au réseau qui a commis les attentats de Bruxelles, n’a pas encore compris ce qui lui arrive. C’est une jeune femme encore sous le choc et très préoccupée pour son mari, incarcéré à Fuorni, près de Salerne depuis samedi soir, que nous avons eu au téléphone, hier soir. Totalement perdue sans son époux, dans une ville où elle ne connaît personne, un pays dont elle ne parle pas la langue, sans aucune ressource financière et craignant que le stress et l’anxiété causés par l’arrestation de son mari ne compromettent sa grossesse. «Nous avions des projets. Mon mari a vécu pendant 10 ans à Dubaï, où il était enregistré à la Chambre de commerce. Il a occupé des postes prestigieux et il voulait s’occuper de l’export de machines italiennes pour extraire l’huile. S’il avait quelque chose à se reprocher, est-ce qu’il se serait rendu à la préfecture décliner son identité et demander un permis de séjour ?», se demande-t-elle. Linda, 30 ans, défend son mari bec et ongles. Elle le connaît depuis qu’il avait deux ans. Ils ont grandi ensemble. Ayant terminé une formation en infographie, Djamal Eddine aimait la photographie, mais après son installation dans les pays du Golfe, il entreprit une carrière dans le commerce. Elle jure que tout deux ne sont ni fanatiques ni intégristes. «Nous ne connaissons aucun extrémiste et ne fréquentons même pas la mosquée», nous assure-t-elle. La jeune femme porte d’ailleurs juste un bonnet de laine pour cacher ses cheveux et son mari ne porte ni barbe ni habits ostentatoires comme certains pratiquants extrémistes, tient-elle à ajouter. «Personne de l’ambassade d’Algérie à Rome ne m’a contactée. Les policiers italiens m’ont interrogée de 22h à 4h. Pourtant, je leur avais ouvert notre maison quand ils sont venus perquisitionner. Nous n’avons rien à cacher», se lamente la jeune femme. Une patrouille de cinq policiers a fait irruption, la nuit de samedi, dans l’appartement de trois pièces que le couple avait loué début janvier dernier, dans la localité de Pugliano, commune de Bellizzi (province de Salerne). L’un d’eux parlait français et posait les questions à Linda. «On m’a demandé pourquoi nous détenions des photos d’identité à la maison… Nos propres photos !», s’étonne la femme. La police a emporté les deux ordinateurs portables, tous les appareils de téléphonie que le couple possédait et un tas de documents présents dans la maison. «Les diplômes et les documents de travail de mon mari», raconte Linda. Ouali n’avait pas réussi à obtenir un nouveau passeport auprès du consulat algérien de Rome qui lui a juste délivré un document qui établit son identité. C’est pourquoi le couple voulait retourner en Belgique pour se faire délivrer les documents nécessaires auprès de l’ambassade de Bruxelles. Elle nous explique, pour nous convaincre que son mari est innocent des délits qu’on lui impute, que lorsqu’ils ont appris, par les médias, les attentats de Bruxelles, Djamal Eddine était «choqué comme tout le monde» et lui a dit : «Tu te rends compte, si nous habitions encore Bruxelles, nous aurions pu être parmi les victimes de ces attentats !» Le couple voulait se construire une vie de famille en Italie, après avoir quitté Liège où il habitait avant de déménager à Salerne. A présent, Djamal Eddine Ouali, qui a refusé de répondre aux questions des juges italiens, attend son extradition vers la Belgique. «Là-bas, il pourra se défendre des accusations qu’on lui adresse. Je suis sûre que ce malentendu se dissipera», nous confie la femme qui n’a pas encore pu ni voir son mari, ni même s’entretenir avec lui au téléphone. Son avocat, maître Gerardo Cembalo, nommé d’office par le tribunal de Salerne, s’attend à ce que son client soit rapidement extradé, les juges ont d’ailleurs déjà entamé la procédure. Le maire de Bellizzi, lui même, doute de la culpabilité de Djamal Eddine. Domenico Volpe a affirmé aux médias : «Ici, nous avons 600 immigrés parfaitement intégrés. Je n’exclus pas que quelqu’un ait pu s’approprier son identité à son détriment.»
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