Est-ce que l’article de Sang-froid va assez loin sur l’ensemble des atteintes à la sécurité des Algériens en France durant cette période ? Pour ceux qui n’ont pas vécu cette histoire, ils ont voulu révéler ce qui s’est passé au cœur des années 1970. L’Algérie était victime de tentatives de déstabilisation. Les journalistes ont rencontré quelques auteurs de ces actes qui n’ont eu aucun scrupule à dire qu’ils avaient agi sur ordre. A cette époque, Valéry Giscard d’Estaing avait un mépris total pour l’Algérie. Elu, il est allé à Alger et a rencontré Houari Boumediène, et en sortant on rapporte qu’il aurait dit : «Ce n’est pas ce bougnoule qui va m’impressionner ou donner des ordres à la France.» Ceci bien qu’il s’agissait d’une visite d’Etat. Pensez-vous que Giscard était dans cet état d’esprit puisqu’il est tout de même allé en Algérie avec son entourage et notamment Michel Poniatowski ? Oui, peut-être, et avec son successeur à l’Intérieur, Christian Bonnet, à partir de la fin 1977. Le rapport de Poniatowski avec l’OAS et l’extrême-droite est très connu. Il est vrai qu’il était très écouté par Valéry Giscard d’Estaing mais lui-même était dans cet esprit. C’est sous son mandat qu’est assassiné Jean de Broglie, quelque temps après sa démission, en désaccord avec la politique d’alors. Jamais cela n’a été clarifié. Et Henri Curiel, assassiné en mai 1978 avec la même arme que celle qui avait tué le gardien de l’Amicale, Laïd Sebaï, en 1977 (l’affaire Curiel a été classée en 2009, ndlr). C’était un «porteur de valises», un ancien du réseau Jeanson, un militant tiers-mondiste connu. On lui a fait payer son soutien au FLN. On connaît donc les réseaux Delta, Charles Martel, SOA et du Sdece, les services français... Que savait-on à l’époque de leur imbrication ? Ils travaillaient ensemble. On le savait, mais on le disait à mots cachés, puis eux-mêmes l’ont reconnu après l’avoir longtemps caché. A l’Amicale, à l’époque, nous avions fait un livre noir des atteintes à la sécurité des Algériens par genre et date. On avait écrit : «25 ans après la fin de la Guerre d’Algérie, il est patent que pour cette frange de la population française la guerre n’est pas finie. On fait face à un terrorisme xénophobe et raciste.» De 1971 à 1977, on a recensé 71 victimes, puis de 1981 à 1987 on a enregistré 190 actes agressifs. Les Algériens ont subi ces soubresauts avec un Etat français bienveillant à l’égard de ces commandos.
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