10 juin 2014-30 mars 2016. Près de deux ans après son premier congrès réussi, baptisé Mazafran I, l’opposition marque une halte. En l’absence d’un rapport de force favorable et face à un pouvoir qui multiplie les attaques en tout genre à son encontre, l’Instance de suivi et de coordination de l’opposition (ISCO) tente de trouver une nouvelle dynamique. Elle veut donner un nouveau coup de starter à sa démarche tendant à imposer une «transition négociée et graduelle». C’est dans cette optique qu’elle a convoqué une nouvelle conférence nationale, appelée Mazafran II, organisée hier au niveau de la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda, à l’ouest d’Alger. Le rendez-vous était très attendu. Malgré le show des proches du pouvoir organisé au même moment à la Coupole du 5 Juillet, les regards étaient braqués vers Zéralda. La présence en nombre, dès les premières heures de la matinée, de représentants des médias nationaux et étrangers témoigne de l’importance de l’événement. Et les questions autour de l’avenir de l’ISCO, de sa cohésion et de sa capacité à rebondir fusaient. Les défections et les présences étaient aussi au centre des discussions. C’est dire que la conférence d’hier ne s’est pas déroulée dans la même atmosphère que Mazafran I. Une situation due notamment aux nombreuses défections, dont celles de Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali, Saïd Sadi, Mokdad Sifi, Mustapha Bouchachi, des représentants du FFS et même du président du RCD, Mohcine Belabbas, qui s’est fait représenter par une délégation du parti. Le malaise se ressentait dès le début des travaux de la conférence. Des membres de l’ISCO ont mis, d’emblée, les pieds dans le plat en appelant à recadrer le fonctionnement de l’Instance. «Quand on veut représenter une alternative crédible à un système aussi figé que celui qui a confisqué l’indépendance, il faut être d’une lisibilité exemplaire (…). Tant que nous n’aurons pas résolu ce malentendu, notre cohésion sera aléatoire, car ce même malentendu est porteur de germes des infiltrations et des instrumentalisations des clans», lance, dans son intervention, Ouamar Saoudi, représentant du RCD, appelant ainsi à se concentrer sur les objectifs tracés dans la plateforme de Mazafran I. Rejet du discours de la peur Malgré ce malaise palpable, les animateurs de l’ISCO se disent «attachés à la nécessité de maintenir cette union entre les différents segments de l’opposition», ce qui est une première dans les annales. «L’opposition a réussi à se réunir malgré les facteurs de dénigrement et de suspicion», a affirmé Abdelaziz Rahabi, président de la séance. Ne voulant pas céder à ce «dénigrement», les présents retournent les mêmes accusations à leurs émetteurs : le pouvoir et ses satellites. Tous les intervenants ont chargé, en effet, le système et les tenants du pouvoir actuel qui selon eux, «menacent désormais, même l’avenir de l’Etat». Ali Yahia Abdennour, Ali Benflis, Abderrazak Makri, Soufiane Djilali, Karim Tabbou… et tous les intervenants se sont accordé à faire le même constat sur la crise politique et économique, mettant en garde contre ses conséquences sur le plan social. Selon eux, le discours de la peur est rejeté, d’autant plus que la menace pour la cohésion du pays vient du pouvoir. Un nouveau projet pour l’Algérie de demain Ils dénoncent, dans la foulée, l’instrumentalisation de la justice et l’institution militaire par des clans du pouvoir. «De nombreux frères dans l’opposition ont directement soutenu l’armée. Aujourd’hui, on attend de cette institution de remplir ses missions et parmi ces dernières, il ne faut pas qu’elle se mêle de la politique», déclare le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, précisant avec ironie qu’«il voudrait bien que Gaïd Salah envoie à l’opposition une lettre de félicitation pour montrer qu’il est avec tous les Algériens». La dénonciation de l’instrumentalisation des institutions judiciaires et militaires a été soulignée dans la déclaration politique adoptée à l’issue de cette conférence. Dans ce document, l’opposition, tout en réitérant son appel au dialogue avec «le pouvoir réel», exige la mise en place d’«un système politique civil en éloignant l’armée des enjeux politiques». Refusant de lâcher prise, les membres de l’ISCO promettent, avant de lever la séance, de présenter «un nouveau projet contenant leur vision de l’Algérie de demain». «Ce projet donnera les grandes lignes qui pourront servir de base pour un dialogue national permettant d’élaborer des solutions pour sortir l’Algérie de la crise économique, sociale, sécuritaire, morale et financière», lit-on dans cette déclaration.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire