Plusieurs dizaines de migrants subsahariens ont été blessés vendredi à proximité du quartier de l’OPGI, a-t-on appris de sources locales et de migrants qui ont tenté de prévenir les autorités et les médias. Il était 11h quand les premiers heurts ont commencé, des dizaines d’individus masqués ont jetés des cailloux sur des migrants. «Nous avons vu des hommes masqués s’approcher, puis ils nous ont attaqués avec des pierres. Nous n’avions d’autre choix que de répliquer. Quelques instants plus tard, ils sont revenus plus nombreux avec des armes blanches et nous ont, une fois de plus, attaqués violemment.» Les migrants ont tenté de joindre la police par téléphone mais, selon l’un d’eux arrivé en Algérie depuis quelques mois, «dès qu’ils nous entendaient parler français, ils coupaient, et ce, plusieurs fois. Je ne comprends pas cette réaction. Pourquoi attaquer sans vérifier avec les autorités et prendre pour cible tout le monde ?! Pour nous attaquer, les gens trouvent toujours de bonnes excuses». «Nous sommes évités comme la peste. Les enfants d’ici ne s’approchent jamais de nous et vont se cacher quand ils croisent un migrant, pourtant la population de Béchar compte aussi des Noirs algériens.» Et d’ajouter : «La police a fini par arriver et a utilisé des gaz lacrymogènes. Nous devions sortir de chez nous parce qu’il était impossible de respirer. Nous avions que nos mouchoirs imbibés d’eau pour éviter l’évanouissement.» Un autre pense que la cause de cette attaque est l’endroit que les migrants occupent : «Il s’agit d’un ancien marché abandonné par la population et qui est devenu un lieu de débauche. Depuis que nous sommes là, on dérange et ils ne s’y aventurent presque plus. Je crois que c’est pour cette raison qu’ils nous font des problèmes.» Un autre migrant témoigne qu’il y a eu 83 blessés : «La majorité sont Camerounais, Maliens et Libériens.» Selon maître Salah Debouz, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme, «c’est une atteinte aux droits de l’homme. Nous sommes scandalisés par le comportement des pouvoirs publics car ce n’est pas la première fois que les migrants subissent de telles attaques. C’est le même scénario que les événements de Ouargla, il y avait des morts, mais l’Etat a tout caché». Et de rappeler l’opération de rapatriement lancée par le gouvernement en 2014 dans le but de renvoyer les migrants dans leurs pays d’origine. «Nous soupçonnons que c’est une manœuvre des autorités afin de pousser les migrants à rentrer chez eux après l’échec de l’opération de rapatriement déclenchée par le gouvernement en instrumentalisant le Croissant-Rouge algérien qui dérive de sa mission principale.» Plusieurs sources sur place évoquent «le décès d’un nouveau-né étouffé par les gaz lacrymogènes utilisés par la police». Nous avons essayé de confirmer cela auprès des autorités sanitaires, mais personne n’a voulu répondre à nos questions au sujet des migrants. «Nous ne sommes pas habilités à parler avec la presse», nous ont répondu les responsables de l’hôpital joints par téléphone. Samedi, en début d’après-midi, les autorités locales ont dépêché des bus pour «ramasser» les migrants et les déplacer vers Oran et Adrar afin de calmer la grogne de la population. Des migrants blessés ont été embarqués au commissariat hier, où on leur a demandé «de quitter le territoire de Béchar».
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