Accueil sur le perron du Palais du gouvernement, poignées de mains chaleureuses. Les caméras de la Télévision publique ne ratent rien. Rarement un haut responsable sahraoui n’a eu autant d’honneurs que ceux réservés, dimanche, au Premier ministre du Sahara occidental, Abdelkader Taleb Omar. Ce dernier n’a pas été reçu par le seul Abdelmalek Sellal ; pour sans doute donner plus de poids et de signification à cette rencontre, le Premier ministre algérien a invité le ministre des Affaires étrangères et le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah. Ce sont ces scènes, pour le moins inhabituelles, qui intriguent. «Nous avons l’habitude de recevoir des responsables sahraouis à tous les niveaux. Mais nous ne médiatisons jamais ces rencontres», révèle un ancien ministre, qui affirme que la médiatisation de cette rencontre est «un message politique fort en direction de la France». Un message qui s’adresse donc directement aux Français à la veille de la visite à Alger de leur ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. «Les Algériens veulent donc faire comprendre aux Français qu’ils soutiennent la cause sahraouie et que cela devra figurer dans les relations bilatérales entre l’Algérie et la France», ajoute notre interlocuteur, qui rappelle que depuis quelques années, les deux capitales se sont entendu pour que la question du Sahara occidental reste dans le cadre des Nations unies. Mais la récente implication de la France dans le conflit qui oppose le Maroc au secrétaire général des Nations unies a fini par agacer Alger. Le geste des autorités algériennes signifie que «désormais, la question du Sahara occidental doit être prise en compte dans les discussions bilatérales» entre Alger et Paris. La France, qui apporte depuis toujours un appui sans réserve au Maroc dans un conflit que le droit international classe pourtant dans la case de la décolonisation, est donc avertie : l’Algérie fait désormais entendre sa voix. Surtout que sur le plan des échanges économiques, les intérêts français sont beaucoup plus importants en Algérie qu’au Maroc. Il n’y a pas que la France qui soit visée par le geste des autorités algériennes. Le Maroc est également destinataire d’un message : la patience des Sahraouis ne peut durer éternellement. La reprise des armes est une hypothèse très présente chez les Sahraouis, surtout que l’impasse née de la récente brouille entre le Maroc et le secrétaire général des Nations unies ne fait qu’aggraver la situation de blocage dans laquelle se trouve la question sahraouie depuis plusieurs années déjà. Un statu quo qui n’arrange aucun pays.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire