samedi 2 avril 2016

«Je n’ai rien à perdre, ce sera l’intégration ou la mort»

Rencontrée à son arrivée jeudi dernier au lycée Krim Belkacem de Bouira, cette jeune enseignante a accepté de nous raconter son expérience de femme engagée dans la marche des professeurs contractuels de Béjaïa à Alger pour exiger «l’intégration et le respect de la dignité des professeurs». Elle s’appelle Fella Djellal et travaille depuis deux ans comme professeur contractuel de français dans la wilaya de Boumerdès. Son seul espoir, voir ses années d’expérience valorisées et sa place de professeur enfin acquise. «A l’annonce de l’organisation d’un concours de recrutement de professeurs sans prise en compte de l’expérience professionnelle et en raison de l’absence de transparence dans ce genre d’examen, nous nous sommes organisés, avec quelques collègues contractuels, pour tenir un rassemblement pacifique dans la capitale. Là-bas, nous avons été reçus par une répression policière d’une violence inouïe et surtout inacceptable ; tels des voyous ou de dangereux délinquants, nous avons été bousculés et malmenés, encerclés. J’ai été gravement blessée à la jambe, ce qui a nécessité 30 jours d’incapacité de travail, alors qu’une collègue enceinte a perdu son bébé. C’est dans ces conditions affligeantes et en fauteuil roulant, puisque je ne peux plus marcher, que j’ai décidé de rejoindre mes collègues à Béjaïa et faire avec eux cette marche de la dignité pour récupérer le statut de professeur. Au-delà de notre revendication première qui est l’intégration, nous luttons pour un statut moral de professeur respecté en tant qu’éducateur des générations à venir. Et aussi pour qu’aucun citoyen ne soit jamais plus battu, et surtout pas un enseignant.» Fella estime qu’à travers cette action les enseignants montrent qu’ils ne lâcheront pas : «On tiendra le coup envers et contre tout pour atteindre notre objectif.» Déterminée, cette courageuse enseignante affirme : «Rien ne m’arrêtera dans la quête de ce droit. Notre requête s’adresse au Premier ministre et au président de la République, auxquels nous demandons de nous rétablir dans nos droits de citoyens algériens. Pour ma part, je n’ai plus rien à perdre : ce sera l’intégration ou la mort.»

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