Après le rejet, mercredi dernier, pour la 28e fois, de la demande de remise en liberté provisoire de leur client, Ali Boumbar, ex-PDG de la CNAN, les avocats Ali Brahimi, Khaled Bourayou et Djamel Belloula ont décidé de se retirer de la défense en signe de protestation contre son maintien en prison sans jugement depuis 54 mois. «Cette décision mûrement réfléchie procède de l’intime conviction de ses conseils selon laquelle tous les efforts déployés depuis l’incarcération de leur client, le 12 mai 2012, n’ont pu aboutir à son élargissement à cause du refus catégorique infligé aux 28 demandes de liberté provisoire», écrivent d’emblée ces trois avocats dans un communiqué de presse transmis hier à notre rédaction. Ils assurent que rien ne peut justifier cette détention provisoire depuis quatre ans. «Agé de 70 ans et de surcroît atteint de plusieurs maladies, Ali Boumbar est en train de dépérir en prison. Il purge son 54e mois de détention préventive», préviennent-ils, estimant qu’«il est aujourd’hui à son troisième procès sans qu’une décision au fond ne soit rendue». Les avocats de M. Boumbar, qui ont déjà alerté l’opinion publique sur cette longue détention provisoire, considèrent que «les suppléments d’information qui ont sanctionné les deux premiers procès sont la preuve flagrante que le dossier est vide». Les mandants de l’ex-PDG de la CNAN précisent dans le même communiqué : «Confiée au pôle pénal spécialisé, l’information judiciaire, qui aura duré près de 30 mois, a épuisé toutes les pistes et moyens d’investigation en passant vainement par la tentative de criminalisation des faits et la consommation de toutes les voies de recours.» Autrement dit, les griefs retenus contre Ali Boumbar n’ont pas été consolidés par des preuves matérielles et tangibles prouvant sa culpabilité. «Les résultats auxquels ont abouti ces procédures d’information attestent que Ali Boumbar n’est ni un terroriste ni un voleur, encore moins un corrompu», assurent-ils en affirmant que «sa détention est illégale parce qu’elle est contraire à la loi». Et ils expliquent qu’elle est «arbitraire parce qu’elle est injuste». C’est en raison de toutes ces considérations de fait et de droit que le collectif des avocats de Ali Boumbar décide de se retirer de cette procédure pénale qui se caractérise aujourd’hui par la dissipation des droits fondamentaux de leur mandant et qui ne se justifie que par son maintien en prison. Ce retrait intervient ainsi au lendemain du rejet de la 28e demande de remise en liberté provisoire et le renvoi pour la énième fois du procès de l’ex-PDG de la CNAN. «Je n’ai jamais vu cela. On ne peut pas imaginer qu’une affaire soit clôturée au niveau de l’instruction sans qu’on ait tous les éléments. Cela veut dire que vous avez une conscience. Vous avez refusé de le condamner sur la base de ce dossier. Nous sommes devant un dossier humiliant et scandaleux pour la justice algérienne», avait déclaré Me Ali Brahimi lors de la séance qui s’est tenue mercredi, tout en revenant sur la promulgation récente d’un texte de loi dépénalisant le délit de gestion. Ainsi donc, l’ex-PDG de la CNAN devra attendre le 21 septembre pour, probablement, connaître le sort qui lui sera réservé, lui qui croupit en prison depuis 2012.
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