mercredi 24 août 2016

La réforme de l’examen du bac au menu

C’est aujourd’hui que le projet de réforme du baccalauréat sera présenté au Conseil des ministres. Le dossier porté à bras-le-corps par la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a fait couler beaucoup d’encre en polémiques et surenchères, nourries  de velléités particulièrement idéologiques. Cette refonte partielle qui s’est imposée impérieusement depuis le scandale de la fuite des sujets à grande échelle, de la session 2016, sera appliquée progressivement à partir de la rentrée 2016-2017 et ce jusqu’en 2020. L’un des points essentiels est la durée des épreuves qui passeront de 5 à 3 jours. Depuis qu’elle a hérité du portefeuille de l’Education nationale, Mme Benghebrit a fait de la réforme du secteur son cheval de bataille. Une entreprise perçue comme un crime de lèse-majesté par tous les bords qui ont pris en otage l’école algérienne et l’ont manipulée, pendant des décennies, à mauvais escient. Avant même que les grandes lignes en soient dégagées, les islamo-conservateurs ont crié à «l’occidentalisation de l’enseignement». Ceux, qui n’ont fait montre d’aucun scrupule à s’attaquer à la personne et aux «origines» de la ministre de tutelle, ont provoqué une levée de boucliers dès que la réforme a frôlé certains soubassements du système de l’éducation, quand bien même le projet a été élaboré en association avec les différentes organisations syndicales. La première responsable du secteur — qui a réussi l’exploit de faire adopter, le 29 novembre 2015, la charte d’éthique éducative, visant à instaurer un «climat de confiance, d’entente et de stabilité dans la communauté éducative» — a réuni, plusieurs fois, ses partenaires, tant le sujet exige une implication multidisciplinaire. Un atelier, tenu en juillet dernier, sur la réforme du baccalauréat en présence de syndicats, de pédagogues et d’universitaires, a délivré une mouture de plusieurs points. Le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) avait déclaré alors que «toutes les parties sont unanimes à souligner la nécessité de réduire la durée du bac jugée longue et stressante pour les candidats». Un avis partagé par ses collègues du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). «Le point essentiel dont la quasi-totalité des syndicats de l’éducation nationale sont d’accord est la réduction de 5 à 3 jours d’examen avec deux matières par quotidiennement. Il a été proposé la prise en considération de la fiche de synthèse de la 2e année secondaire ou bien de passer ces matières une année avant», a fait savoir en substance, dans une déclaration à la presse, son coordinateur Meziane Meriane. Outre la professionnalisation du baccalauréat, Nouria Benghebrit a indiqué que pour la notation, il sera pris en considération la moyenne d’évaluation continue des trois trimestres. Les épreuves d’éducation physique seront supprimées pour les candidats scolarisés. Par ailleurs, les questions de l’examen feront appel à l’analyse et non plus au sens de la mémorisation des candidats : «Une stratégie pour faire avorter toute tentative de fraude.» Et de reconduire certaines dispositions dont la moyenne de 10/20 pour son obtention. «Le projet ne propose pas la réintroduction du système de rattrapage», a-t-il été affirmé. Des réformes jugées peu suffisantes par les partisans d’une école moderne et préjudiciables aux constantes nationales par les conservateurs. Si l’arabe et la philosophie restent des matières transversales maintenues pour toutes les filières, d’autres ont été proposées à l’annulation ou à un remplacement. C’est le cas de l’éducation religieuse qui a déchaîné les passions. Le bord hermétique à l’universalité en a fait des gorges chaudes incitant l’intervention du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. «La matière d’éducation islamique est partie intégrante du parcours scolaire obligatoire des écoliers à tous les paliers. Elle n’est pas concernée par une réduction de son volume horaire ou de son coefficient», a-t-il répondu à un député islamiste. Une réponse qui laisse deviner en filigrane les limites ou les perspectives, c’est selon, de cette réforme tant attendue.  

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