mardi 2 août 2016

Le traitement du dossier Khelil intrigue Louisa Hanoune : «Y a-t-il une justice en Algérie ?»

L’interrogation est de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). La première dame de cette formation politique est intriguée par le comportement et surtout le silence de la justice face au cas Chakib Khelil, dont le nom est cité dans des scandales financiers. A l’ouverture  de la réunion des responsables du bureau de wilaya d’Alger de son parti, Mme Hanoune est revenue, en effet, sur les dernières révélations des Panama Papers sur  Chakib Khelil, son fils et le rôle d’intermédiaire joué par Farid Bedjaoui dans le schéma corruptif  imposé à Saipem par l’ancien ministre de l’Energie et des Mines. «Que fait la justice ? Pourquoi c’est la justice italienne qui s’empare du dossier ? Pourquoi la justice algérienne ne lui emboîte pas le pas pour faire la lumière sur cette affaire», demande encore Louisa Hanoune, qui se dit persuadée que «l’argent que récupérera l’Italie a l’issue de ce procès  se fera au détriment du Trésor algérien». «Chakib Khelil a été cité, à plusieurs reprises, dans des affaires  de corruption. Il est poursuivi en justice en Italie. Mais chez nous, les scandales dans lesquels il est impliqué directement ne semblent pas inquiéter nos autorités et encore moins la justice de notre pays. J’avoue ne pas comprendre cette situation», déclare-t-elle. Dans son discours, Mme Hanoune a vivement critiqué la dernière enquête de l’ONS sur le taux de chômage «en baisse dans notre pays». «En cette période d’austérité et de gel des recrutements, quel miracle a créé des emplois», s’est-elle interrogée. Et d’ajouter : «J’ai un grand respect pour l’ONS, mais les chiffres révélés sont loin de la réalité. Comment expliquer ce changement et cette baisse sensible en une année ? En 2014 et 2015, ce même organisme avait annoncé un taux de chômage avoisinant les 11% ! Ce n’est pas normal...» L’oratrice illustre ses propos avec des exemples concrets : elle défie quiconque de lui prouver qu’un secteur a dégagé en 2016 des postes de recrutement. Selon elle, les APC menacent de procéder au licenciement de centaines d’employés, plusieurs personnes recrutées dans le cadre du préemploi ont été remerciées, des centaines de diplômés de l’université et de la formation professionnelle n’ont pas trouvé de travail… Pour Mme Hanoune, «les chiffres de l’ONS sont falsifiés». Et elle accuse la source ayant livré les données d’être derrière «cette magouille». S’agissant des dernières décisions prises par le Conseil des ministres, notamment le dossier de la suppression de la retraite anticipée, Mme Hanoune s’en prend au gouvernement qui n’accorde aucun répit au peuple. De son avis, cet été sera chaud, mais la rentrée sociale sera plus chaude encore avec la menace de syndicats de bloquer la route à cette décision antisociale en recourant aux grèves et manifestations. Pour Mme Hanoune, il suffit d’une étincelle pour déclencher l’irréparable. «Le pouvoir veut nous  imposer un modèle sauvage, un système capitaliste. Nous nous solidarisons avec les syndicats, sans distinction. Le pouvoir ne doit pas sous-estimer ces entités», note-t-elle, expliquant que le PT se solidarise également avec les professionnels de la santé qui mènent d’ores et déjà un combat contre les décisions prises par le pouvoir concernant la restriction des budgets des hôpitaux et aussi pour faire avorter le projet de loi sur la réforme de la santé qui remet en cause la gratuité des soins et vise également le démantèlement des acquis arrachés depuis l’indépendance du pays. La secrétaire générale du PT s’oppose aussi au contenu du projet portant code du travail. Ce projet, selon elle, relève du Moyen-Age et favorise «le retour à l’indigénat». Par ailleurs, Mme Hanoune dénonce la chasse aux migrants : «L’Algérie ne doit pas se comporter  comme l’Union européenne qui parque les migrants comme du bétail dans des centres de rétention. Nous sommes attachés à nos coutumes et à nos constantes. De ce fait, nous refusons de perdre notre humanité.»

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