lundi 26 septembre 2016

Le marché bat à l’heure d’Alger

La 15e édition du Forum international de l’énergie (IEF15) s’ouvrira demain à Alger. La capitale valse depuis quelques jours déjà au rythme d’un défilé ininterrompu de ministres et responsables en charge de l’énergie des pays producteurs et consommateurs, représentant les 72 pays membres du Forum, des hauts représentants d’organisations internationales, telles que l’OPEP, AIE, GECF, et des responsables de grandes compagnies énergétiques mondiales ainsi que des experts du secteur énergétique. Simultanément, l’Algérie abritera une réunion informelle des pays producteurs de brut, destinée exclusivement à l’examen de la situation du marché, dont la stabilité était rompue depuis plusieurs mois sous l’effet d’une production abondante et d’une demande mondiale à la traîne. Alger tentera de presser les pays producteurs de soutenir une solution susceptible de rétablir l’équilibre des fondamentaux. Cette solution, condition sine qua non à une reprise tant espérée des cours, doit être consentie par tous les pays producteurs, membres et non membres de l’Opep. Alger tentera également de mettre en pratique la théorie du consensus sur le gel de la production à laquelle plusieurs membres ont adhéré, dont la Russie et l’Iran. Si ce consensus paraît plutôt probable en théorie, dans l’exécution elle serait néanmoins laborieuse cette tentative de concilier Saoudiens et Iraniens, voire Saoudiens et Russes, après l’échec de l’accord de Doha qui prévoyait le gel de la production à ses niveaux de janvier. En effet, la première réunion entre pays producteurs qui s’est tenue en avril dernier avait échoué sur fond de rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, les deux principales puissances régionales. Mais la difficulté ne se limite pas à cette conciliation presque impossible des frères ennemis, Saoudiens et Iraniens. En effet, bon nombre de pays membres de l’Opep s’apprêtent à mettre le turbo pour relancer leurs exportations, à l’image du Nigeria et la Libye, alors que la production irakienne et iranienne carbure à plein régime. Le ministre irakien du Pétrole a affirmé jeudi vouloir atteindre une production de 5 millions de barils par jour, contre une production quotidienne de 4,35 millions de barils actuellement, alors que l’Iran veut profiter encore de la fin des sanctions internationales pour augmenter ses exportations. Le cas du Nigeria et de la Libye s’apparente à une tentative de redonner de la vigueur à leurs exportations, touchées de plein fouet par les troubles politiques qui y prévalent. Ainsi, pour que la réunion d’Alger puisse parvenir à un accord sur le gel de la production, il faut que toutes les divergences et les velléités distinctes des uns et des autres soient abandonnées. Et pour que la décision de gel de la production soit efficace, il faut que l’Arabie Saoudite, premier producteur mondial, abaisse sa production. Visiblement, les variables contribuant à résoudre l’équation de la stabilité du marché sont toutes aussi compliquées que l’équation elle-même. Les producteurs doivent se mobiliser aussi pour sauver le marché gazier qui risque de connaître une situation bien pire que celle dans laquelle s’est empêtré le marché pétrolier. La Russie jure ses grands dieux qu’elle épouserait l’approche saoudienne pour défendre ses parts de marché sur le vieux continent, si les nouveaux fournisseurs continuent de fouler aux pieds le deal tacite des partenaires traditionnels. Allusion faite aux producteurs américains de schiste qui acheminent déjà leurs premières livraisons à destination de l’Europe. Conséquence : l’offre n’a jamais été aussi excédentaire, entraînant une chute vertigineuse des prix du gaz. Elle le sera encore davantage de par les volumes colossaux attendus dans les années à venir, dès l’entrée en production des cinq usines de liquéfaction actuellement en construction outre-Atlantique. Dès 2018, l’offre américaine devrait culminer à plus de 65 millions de tonnes par an, alors que les volumes expédiés vers l’Europe devraient couvrir 20% des besoins du vieux continent. L’année 2020 verra aussi l’arrivée du gaz australien sur le marché avec, au tableau, une offre supplémentaire de 60 millions de tonnes. Ainsi, les perspectives du marché gazier sont moroses, à l’image d’un marché pétrolier victime de velléités distinctes des producteurs. C’est dire que les producteurs vont devoir redoubler d’efforts pour faire face à une situation qui ne fait que se complexifier davantage faute d’une convergence d’intérêts.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire