jeudi 23 février 2017

Selon Amnesty international : «La situation des droits de l’homme en Algérie est grave»

Dans son rapport annuel rendu public hier, l’ONG de défense des droits de l’homme a  jugé que les autorités algériennes «ont restreint la liberté d’expression, d’association, de réunion et de religion» et que des « détracteurs pacifiques du gouvernement ont été poursuivis dans le cadre de procès inéquitables». La situation des droits de l’homme en Algérie est «grave», s’est inquiétée la présidente de la section algérienne d’Amnesty International, Hassina Oussedik, hier lors de la présentation du rapport annuel de l’ONG, à Alger. «La situation en Algérie n’échappe pas à la tendance de recul des droits de l’homme enregistré dans le monde durant l’année 2016 et le début de l’année en cours», a-t-elle constaté.  Une situation marquée par la montée en puissance des «politiques de diabolisation menées par des Etats contre les libertés» a-t-elle fait remarquer. Tout en louant «la volonté des autorités publiques de modifier la législation en matière de liberté d’expression», Hassina Oussedik s’est élevée contre une volonté de «blocage» au sein des mêmes institutions. Hassina Oussedik, dont l’organisation ne jouit pas d’une autorisation des autorités, a appelé à la «résistance» pour défendre les libertés et les droits de l’homme et invite l’Etat algérien à opérer des «changements importants» pour se hisser aux standards internationaux. Dans son rapport annuel rendu public hier, l’ONG de défense des droits de l’homme basée à Londres dresse un tableau sombre de l’état des libertés en Algérie. Elle a jugé que les autorités algériennes «ont restreint les libertés d’expression, d’association, de réunion et de religion» et que des «détracteurs pacifiques du gouvernement, notamment des défenseurs des droits humains, ont été poursuivis dans le cadre de procès inéquitables». Amnesty International, elle-même non autorisée en Algérie, estime que le gouvernement «cherchait à affaiblir les organisations locales et continuait de bloquer leur enregistrement». Elle regrette également l’impunité dont bénéficient les responsables d’atteintes graves aux droits de l’homme. Le rapport qui couvre les domaines liés aux libertés publiques et individuelles s’élève contre la loi sur les associations qui impose des «restrictions arbitraires» qui frappent ces associations et les risques qu’encourent leurs militants en appartenant à des organisations non reconnues. Amnesty énumère les cas où des manifestants sont poursuivis et condamnés à des peines de prison ferme pour avoir manifesté dans la rue, notamment dans la wilaya de Tamanrasset. Au chapitre de la liberté d’expression, la situation n’est guère reluisante, remarque l’ONG. Elle en veut pour preuve l’arrestation de la militante de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, Zoulikha Belarbi, condamnée pour avoir publié sur son compte facebook une photo-montage du président Bouteflika avec des membres de son gouvernement. Elle a écopé de six mois de prison. L’affaire du KBC et l’arrestation de son directeur Mehdi Benaissa et Nouria Nedjai et leur condamnation sont des épisodes marquants de la régression en matière de la liberté d’expression enregistrée l’année passée. Mais le cas qui restera comme une tache noire sur le fronton de la République est la mort du journaliste Mohamed Tamalt en détention. Rappelant les conditions de son emprisonnement, Amnesty International accuse les autorités de «ne pas mener d’enquête adéquate sur les allégations selon lesquelles il aurait été battu en détention, sur son traitement en prison et sur sa mort». «Nous demandons une enquête sérieuse sur les circonstance du décès du journaliste», a réitéré Hassina Oussedik. Liberté religieuse bafouée L’année passée et celle en cours auront été marquées par des atteintes multiples à la liberté de conscience et de croyance. De nombreux Algériens sont persécutés, poursuivis et condamnés pour avoir embrassé une autre religion que l’islam. Des musulmans appartenant à un autre rite que celui dominant sont poursuivis pour atteinte à la religion. C’est le cas des ahmadis qui subissent un harcèlement policier et judiciaire en règle. Les adeptes de ce rite sont arrêtés massivement partout sur le territoire national. Une persécution digne des temps de l’Inquisition. Plus d’une centaine de personnes se réclamant de l’Ahamdiya sont soit en prison, soit sous contrôle judiciaire. «Les autorités ont pris pour cible des membres de la communauté musulmane ahmadie, arrêtant en raison de leur foi plus de 50 personnes dans les wilayas de Blida et Skikda et ailleurs dans le pays. Peu après les interpellations dans la wilaya de Blida en juin. En novembre, un tribunal de Skikda a condamné 20 ahmadis à des amendes et à des peines allant d’un mois à un an d’emprisonnement.» Cette communauté est stigmatisée de manière permanente. Les dernières arrestations en date remontent à il y a seulement quatre jours, un groupe d’ahmadis dont leur chef, a été arrêté dans la wilaya de Chlef. Sur le même registre, le cas de Slimane Bouhafs converti au christianisme, condamné à trois ans de prison ferme pour «insulte au Prophète». Dans ses conclusions également, Amnesty International brocarde le système judiciaire en s’appuyant sur le cas d’une centaine de militants dans la région du M’zab, qui croupissent en prison depuis 20 mois sans jugement. Le rapport rappelle l’avertissement du Comité des droits de l’homme de l’ONU qui avait accusé l’Algérie d’avoir «violé» les articles 2, 7 et 9 du PIDCP. Amnesty International a mentionné dans son rapport annuel les conditions désastreuses de l’accueil des migrants et des réfugiés qui ne bénéficient d’aucune loi protégeant le droit d’asile.

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