lundi 3 avril 2017

Djamel Aïdouni, imam ou magistrat ?

Le président du Syndicat national des magistrats Djamel Aïdouni a servi, ce matin au forum de la radio de l’Etat, un discours plus proche du prêche religieux que de l’argumentation juridique. Parlant de la lutte contre la corruption, Aïdouni n’a pas trouvé mieux que de lancer -versets coraniques et hadiths à l’appui- que les juges malhonnêtes « iront en enfer » et ils « vont regretter (leurs méfaits) le jour du jugement dernier ». Les simples citoyens « corrompus ou corrupteurs » ont eu droit à leur part de mises en garde, puisqu’ils subiront « la malédiction » divine.  Interrogé sur les « courants religieux qui menacent la croyance des Algériens (Ahmadia ndlr) », Djamel Aïdouni a répondu que « la sensibilisations incombe aux imams et que le rôle des juges consiste à lutter » contre ces courants. Un message très clair qui vient appuyer la campagne d’interpellation menée par les autorités contre de nombreux Algériens qui ont choisi d’embrasser des doctrines autres que le rite malékite dominant.       Par ailleurs, évoquant la question de l’indépendance de la justice, le président du SNM a lancé, pour la énième fois, que « le juge est libre ». Le magistrat « ne dépend plus du parquet » comme c’était le cas avant la dernière révision constitutionnelle. La nouvelle constitution a consacré « l’indépendance financière et administrative » du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Seulement, une année après l’adoption de la Loi fondamentale par le Parlement en février 2016, la concrétisation de cette « indépendance » demeure suspendue à la révision d’autres textes dont le statut particulier du magistrat. Ces révisions ont été retardées, explique-t-il, car les magistrats et le département de la Justice ont préféré commencer par l’amélioration des services et " le respect des droits individuels et collectifs". En attendant les révisions dont parle Djamel Aïdouni, la loi organique du 08 septembre 2004, stipule que le Conseil supérieur de la magistrature, est présidé par le chef de l’Etat qui désigne à ses côtés le ministre de la Justice (vice-président), le premier président de la Cour suprême et le procureur général près de cette dernière institution. Le chef de l’Etat, selon cette même loi fixant la composante et les attributions du CSM, choisit 6 autres membres en dehors du corps de la magistrature. Les 10  magistrats élus par leurs paires se trouvent ainsi incapables de s’imposer au sein de ce Conseil qui décide des promotions et des sanctions.   

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