En réunissant ses «partenaires sociaux» une semaine seulement après sa désignation comme Premier ministre, Ahmed Ouyahia a surtout voulu donner un gage. Derrière un discours rassurant, adressé avant tout aux hommes d’affaires, un temps bousculés par un Abdelmadjid Tebboune téméraire, le Premier ministre cache une réalité beaucoup plus amère : en l’absence d’un cap qui devra guider les partenaires sociaux, il vaut mieux s’abstenir de tenir une réunion de la tripartite qui s’avérera être un vrai flop. Car, in fine, ni le gouvernement, ni l’UGTA, ni encore moins le patronat n’ont une idée de ce que devra être la solution pour une sortie de crise. Dans ses déclarations à l’issue de la réunion de jeudi, Ahmed Ouyahia a d’ailleurs fait allusion à un manque de préparation de toutes les parties concernées par la tripartite. Une situation déjà attendue dès la première réunion tenue sous la houlette de Abdelmadjid Tebboune. A l’époque déjà, l’ancien Premier ministre avait laissé le soin aux patrons et à l’UGTA d’élaborer «au courant du mois d’août» un ordre du jour de la tripartite, initialement prévue le 23 septembre prochain à Ghardaïa. Lors des précédentes réunions de la tripartite, les Algériens pouvaient toujours s’attendre à des décisions importantes qui touchaient directement à leur vie quotidienne. Ces rendez-vous, surmédiatisés, étaient toujours conclus par des décisions portant sur le pouvoir d’achat des ménages. Mais en ces temps de vaches maigres, le gouvernement n’a rien à offrir. Ni aux citoyens ni aux hommes d’affaires. Habitué à acheter la paix sociale par le seul argument financier, le pouvoir n’a plus d’argent. Il devra donc se contenter de calmer les plus mécontents des Algériens par les discours lénifiants portant sur les «dangers» qui guettent le pays. Quitte à raconter des contrevérités, comme celle qui consiste à avancer que la crise économique est «mondiale» pour détourner les regards de la responsabilité des gouvernants. Dans le cas où les discours ne suffisent pas, le bâton des services de sécurité accomplira bien sa mission. Tout en continuant à naviguer à vue, le gouvernement d’Ahmed Ouyahia et ses partenaires – qui ont pris connaissance de la véritable situation financière du pays – ne tiennent qu’à un seul et unique espoir : la reprise des cours du pétrole sur les marchés mondiaux, pour pouvoir, à nouveau, renflouer les caisses de l’Etat. C’est l’unique option qui permettra au pouvoir de bien préparer la seule échéance qui lui tient à cœur, à savoir l’élection présidentielle de 2019.
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