mardi 29 août 2017

Des défaillances à répétition

Dans ce chaudron constantinois, voir quelques gouttes de pluie tomber n’est pas pour déplaire à la population en cet après-midi de samedi. Or, cette averse qui aura duré moins d’une heure, si elle n’a pas causé de dégâts matériels importants, a failli tourner à la catastrophe. Et pour cause, les inondations qui ont en découlé en raison des avaloirs obstrués. Le citoyen a comme une impression de déjà vu. Une scène qui revient à la fin de chaque été. Et il n’a pas tort. Le constat est le même depuis plusieurs années. Il est flagrant que les dispositions d’usage en pareille circonstance n’ont pas été prises. Les autorités, en dépit de précédents, n’ont, encore une fois, pas anticipé sur les orages d’été qui sont parfois à l’origine de terribles dégâts et surtout de pertes humaines. C’est pratiquement jour pour jour, soit le 25 août 2015, que des inondations sont survenues à la nouvelle ville Ali Mendjeli, à 22 km au sud de Constantine, les plus importantes depuis sa création en 2000. Les conséquences sont fâcheuses : quatre morts et des dégâts matériels, chiffrés à des millions de dinars. La leçon a-t-elle été retenue ? Que non. Et pourtant, cette amère expérience a accéléré la procédure de mise en place d’un plan d’urgence pour toute la wilaya. Concrètement, rien n’est palpable. Pour preuve, samedi dernier, les pluies qui se sont abattues sur le chef- lieu de wilaya et ses banlieues sont venues rappeler l’absence de stratégie que l’on a voulue effective depuis l’épisode de Ali Mendjeli. Certes, les précipitations n’étaient pas de grosse ampleur, mais ont toutefois engendré de multiples désagréments aux piétons, automobilistes et surtout aux usagers du tramway. La ville était paralysée. Les rames, qui desservent dix stations allant du centre-ville jusqu’à Zouaghi, se sont arrêtées vers 16h45. La voix à travers le haut-parleur informait les usagers que «suite à un problème technique, le tramway est obligé d’observer un arrêt pour quelque temps». Mais l’attente sera longue, car au niveau de la station de la zone industrielle Le Palma, aucune rame ne pouvait avancer, l’endroit était complètement submergé par les eaux. D’ailleurs, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux, montrant les équipes de la Société de distribution d’eau et d’assainissement (Seaco) qui tentaient de débloquer la situation. Une preuve incontestable qu’aucune disposition n’a été prévue quand bien même la période des orages d’été est bel et bien annoncée. Le constat de l’inertie de la municipalité se confirme au fur et à mesure que les automobilistes s’engagent sur les axes routiers menant à la périphérie. Sur la RN5 qui relie Constantine à plusieurs wilayas, dont Sétif et Alger, le tunnel menant à la cité Boussouf a lui aussi été inondé. Un axe névralgique utilisé par des dizaines de milliers d’automobilistes, qui se sont retrouvés bloqués, créant un énorme embouteillage. Le salut pour eux viendra après l’intervention de la Protection civile qui déploiera d’importants moyens afin de dégager ce passage. Un point noir notoire pour lequel aucune solution n’a été jusqu’alors envisagée. Le lendemain matin, les traces de ce déferlement naturel étaient encore visibles. Les gravats et la boue charriés par les eaux étaient là comme pour attester des responsabilités défaillantes. Le curage des avaloirs et des retenues n’a tout simplement pas été fait. Chaque année, le manquement est relevé. Et ce ne sont pas les directives qui font défaut. Les responsables locaux sont sommés par le ministère de tutelle de procéder à «des actions d’entretien et de curage des réseaux d’assainissement et ouvrages annexes tels que les avaloirs, les déversoirs d’eaux pluviales et d’orages». L’auguste APC du Vieux Rocher a failli à sa mission à plusieurs reprises sans s’inquiéter outre mesure. Durant son mandat, elle n’a pas brillé par l’amélioration du cadre de vie de la population. Elle s’est empêtrée dans des querelles intestines qui ont défrayé la chronique. En cinq ans, elle a vu passer deux présidents, le premier ayant eu des démêlés avec la justice. A deux mois des élections locales, les locataires de l’Hôtel de ville semblent absorbés par les problèmes intrinsèques concernant la confection des listes électorales. S’ils mettent du cœur à l’ouvrage pour cette rentrée sociale, c’est certainement dans la course au renouvellement de l’assemblée communale et non dans la quête du bien-être des citoyens.     

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