lundi 28 août 2017

Khenchela : Fin du débrayage à la multinationale sud-coréenne

Après deux semaines de grève de plus de 90 cadres et ouvriers du consortium sud-coréen GS/Daelim, chargé de la construction de la centrale électrique de Kaïs , 30 km au nord du chef-lieu de wilaya Khenchela, sur la route qui mène à Bouhmama, les protestataires ont décidé de mettre fin à leur mouvement et de reprendre le travail, à l’issue d’une réunion de négociations avec la direction. Lors de la rencontre, l’employeur a promis d’annuler toutes les procédures disciplinaires contre les grévistes et de retirer la plainte judiciaire déposée contre certains d’entre eux. Selon un représentant des travailleurs qui a préféré garder l’anonymat, la direction «a accepté la moitié de nos revendications, elle s’est engagée à améliorer les conditions de travail au sein de l’entreprise, en éliminant toutes les discriminations en matière d’emploi et de gestion des ressources humaines, en annulant la retenue de 30% sur les salaires des nouveaux recrutés, ainsi que la résolution du problème des congés». Pour les autres revendications, notre interlocuteur espère mieux : «Nous espérons que les autres revendications vont être solutionnées, dès que possible, en particulier l’attribution de certaines primes.» A souligner que les ouvriers de cette entreprise multinationale ont lancé un mouvement de protestation, appuyé par une grève, il y a de cela 15 jours, les négociations socioprofessionnelles avec leur employeur n’ayant pas abouti. Les salariés mettent en lumière un plus vaste problème, à savoir le non-respect des droits des travailleurs et d’autres droits humains. Nous avons essayé d’avoir une discussion avec le chef de chantier, M. Kim, mais nous n’avons pas pu le faire, car il était à la réunion de la «dernière chance». Selon les grévistes, «la direction de la compagnie a commis plusieurs infractions en matière des droits du travail et de la Sécurité sociale : contrats des salariés non conformes, fraudes parafiscale et fiscale, fraude sociale par de fausses déclarations des salaires auprès de la CNAS et de la Cacobat (Caisse nationale des congés payés et du chômage-intempéries des secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique), ce qui permet à cette entreprise de tricher sur ses charges sociales». A ces infractions, il faut ajouter le non-respect du code du travail : abus dans le nombre d’heures de travail effectif et absence de système régulier de récupération. Cette situation perdure depuis trois ans sans qu’il n’y ait eu une intervention de la direction locale compétente en matière de contrôle de l’application et du respect de la législation du travail. Ce n’est que tout récemment que l’Inspection du travail est montée au créneau, et après enquête circonstanciée, a reconnu le bien-fondé des dénonciations à l’actif du collectif des travailleurs en grève, établissant un PV pour d’éventuelles poursuites judiciaires. Plus grave, les grévistes font aussi état de ségrégation et de différences flagrantes dans la gestion des ressources humaines de la part de leur employeur entre les nationaux et les expatriés : condition de travail, hébergement, restauration, etc. Les protestataires interpellent le ministre du Travail afin qu’il prenne vite une décision ferme à l’encontre de cette entreprise qui viole les droits légaux des travailleurs, et qu’il incite ses responsables à respecter le code du travail. «Une intervention de l’Etat qui prouve que le pays est souverain, qui montre qu’il y a une autorité de l’Etat en Algérie», selon les travailleurs. Nous avons essayé de joindre les responsables de ce consortium sud-coréen pour avoir leur avis, la personne contactée s’est excusée, prise par la réunion de négociations. Pour rappel, c’est la Société de production de l’électricité (SPE), filiale de Sonelgaz, qui est le maître d’ouvrage de ce projet de centrale électrique de Kaïs, le marché ayant été attribué, en 2013, à cette firme sud-coréenne pour un montant de près de 900 000 dollars, ce qui n’est pas peu – dont plus de 600 000 dollars pour la partie réalisation ( SPC), et près de 310 000 dollars pour le «bloc principal» (équipement). Avec un montant pareil, il n’est pas permis de piétiner les législations du travail et de la Sécurité sociale.  

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