La tripartite prévue par le gouvernement Tebboune le 23 septembre à Ghardaïa a été reportée à une date ultérieure suite à la rencontre ayant réuni hier le nouveau Premier ministre et les partenaires sociaux (à l’exception des syndicats autonomes). Le report de la tripartite, officiellement dicté par l’agenda de l’Exécutif et pour une «une meilleure préparation et une plus large concertation entre les partenaires socioéconomiques», signifie d’abord qu’Ouyahia veut imposer son propre agenda pour «effacer» celui de son prédécesseur, et que, ensuite, les équilibres dans la gestion des acteurs de l’argent ne sont pas encore trouvés. «L’Algérie est un Etat de droit qui s’est doté de tous les instruments juridiques pour combattre toute atteinte à la loi en s’appuyant sur une justice indépendante. Cependant, cette tâche consiste à œuvrer à l’application des lois, y compris dans le domaine économique avec toute l’efficacité voulue (mais) aussi dans la sérénité et la quiétude et non en semant le trouble et la confusion», a déclaré Ouyahia hier au Palais du gouvernement, manière de démontrer que la méthode Tebboune était condamnable. Tebboune qui, rappelons le, suivait lui aussi une feuille de route du Président. «Toutes ces entreprises feront donc l’objet de notre considération sans discrimination», a affirmé encore Ouyahia. Le Premier ministre dit s’appuyer sur l’appel attribué au président Abdelaziz Bouteflika cette semaine, qui exhortait les acteurs économiques et sociaux à donner l’«exemple à la société en vue d’un élan de solidarité, de mobilisation et d’unité». Ouyahia a également exprimé, dans un exercice d’équilibriste se voulant rassurant, «les sentiments de respect et de solidarité que le gouvernement nourrit à l’endroit de tous les travailleurs», mais aussi «la considération envers toutes les entreprises publiques, privées ou mixtes». Le patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a quant à lui défendu l’approche du «made in Algeria», saluant la «disponibilité des organisations patronales à participer à la reconstruction du tissu industriel national». Une attitude qui ne surprend pas de la part de celui qui a volé au secours de Ali Haddad, patron de l’ETRHB, dès les premiers temps de la crise avec l’ex-Premier ministre. Ali Haddad, repêché in extremis par des cercles du pouvoir, a par deux messages en 48 heures (l’un cosigné avec Sidi Saïd) rappelé sa «fidélité» au chef de l’Etat, en une étrange manière de s’arrimer au politique pour un homme d’affaires. Et si aucune résolution claire n’a été adoptée lors de cette rencontre, sauf les assurances de Ouyahia sur le caractère social de l’Etat, beaucoup d’intentions ont été exprimées. Ouyahia a, par exemple, «informé les participants des tensions financières auxquelles fait face le pays, ainsi que de la feuille de route qui lui a été tracée par le président de la République, notamment pour mobiliser des financements internes non conventionnels, maintenir le soutien à la croissance dans tous les secteurs, y compris l’industrie, les services et l’agriculture, préserver et rationaliser la politique publique de justice sociale et de solidarité nationale». En attendant, les parties prenantes à la tripartite devront s’atteler à préparer des ateliers. Une manière de maintenir le statu quo et de ne pas aborder le choc frontal de la rentrée sociale.
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