Le défunt moudjahid, le colonel Othmane, Bouhadjar Benhaddou de son vrai nom, incarne le courage et la sagesse d’une génération qui a assumé son rôle dans l’histoire en étant pragmatique, faisant le choix de prendre les armes pour libérer le pays du joug colonialiste, tout en étant fidèle aux valeurs humaines prônées par leurs prédécesseurs à travers le militantisme politique. C’est le plaidoyer des différents intervenants qui ont rendu un vibrant hommage, hier, au commandant de la Wilaya V, Si Othmane (1927-1977). En effet, cette journée de commémoration, coïncidant avec l’anniversaire de la disparition de Si Othmane, a été marquée par la présence de son fils Benhaddou Abdelmoumene qui a écouté les témoignages de moudjahidine ayant côtoyé son père, louant son courage et son esprit combatif. Une conférence a été animée à cette occasion au musée du journal El Djoumhouria, par Mohamed Lahcen Zeghidi, professeur d’histoire à l’université d’Alger, qui a notamment souligné le rôle et la responsabilité de Si Othmane et sa génération. Il déclare : «Il s’agit d’une génération de jeunes privés de leur enfance et de leur adolescence. Ils sont devenus des hommes sans transition. Ils ont surtout vécu la Deuxième Guerre mondiale, en voyant Vichy et Pétain fuir la France, en voyant Paris tomber et la France vaincue. Ils ont donc réalisé que cet ennemi n’est pas si invincible et que la lutte armée est le seul moyen pour recouvrer l’indépendance (…) Bouhadjar a été un des membres de l’organisation secrète, l’OS, dont la pensée a donné vie à l’esprit de la Révolution. Il a été arrêté en 1950. Et c’est justement en prison, cette grande école, où il a rencontré Zabana à Oran et à Boutlélis. A sa sortie de prison, il a eu de grandes responsabilités et il est surtout connu pour avoir réalisé l’opération des 76 fermes de colons incendiées en 1956. C’est dire que ces jeunes stratèges avaient compris que la guerre implique la destruction de la base économique de l’ennemi (…).» Le conférencier a également rappelé le rôle de Si Othmane dans l’édification des institutions de l’Etat algérien tout lançant un appel à la presse et aux responsables présents pour restituer la mémoire en inculquant aux générations futures les valeurs léguées par les martyrs et moudjahidine. Et d’ajouter : «Suite aux massacres du 8 Mai 1945, cette génération, Si Othmane et ses camarades ont prêté serment de ne plus militer politiquement. Ils n’avaient rien mais ont tout de même déclenché une guerre pour libérer tout un pays. Il y avait un niveau de conscience certain et c’est ce qu’il faut enseigner dans les écoles aujourd’hui.»
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