Le réseau de la filière blé qui vise l’amélioration de la production, l’augmentation des rendements et la création de grandes exploitations, notamment dans le Sud fait partie du plan d’action du gouvernement pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Rien que pour la saison 2016-2017, ce sont 4 millions d’hectares qui ont été ciblés et emblavés avec 2,5 millions de semences. Mais, il est encore loin l’objectif de l’autosuffisance, en référence à la production de cette céréale qui oscille entre 34 et 35 millions de quintaux annuellement. Dans cette quête, l’industrialisation de l’agriculture s’impose en passage obligé. D’où l’instauration de spécialités et de schémas de recherche dans les différents secteurs agricoles, dont la culture du blé, cette céréale qui a coûté la bagatelle de plus de 2 milliards de dollars, l’année dernière, en facture d’importation. L’Etat lance ainsi le réseau filière blé dur. Pourquoi le blé dur et pas le blé tendre privilégié dans la consommation des Algériens ? Peut-être parce que le premier coûte deux fois plus cher sur le marché mondial que le second. Selon Mohamed El Hadi Sakhri, directeur de l’Institut technique des grandes cultures (ITGC) du Khroub (Constantine), le choix est vite fait quand l’acquisition de 3 quintaux de blé tendre équivaut à 2 quintaux de blé dur seulement. La stratégie nationale s’est aussi celle de se défaire de l’importation et de ses factures exorbitantes par le biais de la recherche et des technologies d’intrants dans l’agriculture. C’est du moins ce qui a été relevé, lors d’une journée d’étude sur le réseau filière blé dur, organisée à l’université Constantine 1, en sa qualité de partenaire dans ce plan gouvernemental, impliquant cinq laboratoires et des dizaines de chercheurs. «L’institution développe des activités de recherches autour des aspects suivant : génotypage, physiologie, biochimie, génétique, agronomie, qualités et transformation concernant les céréales, notamment le blé dur, menées par différentes équipes de recherches qui ont acquis des compétences avérées relatives à la problématique de la production du blé dur en condition de stress», a-t-on expliqué. Toujours en ce qui concerne le blé dur, l’université s’est, en parallèle, lancée : «Dans le domaine de la biotechnologie végétale par la mise en place d’une plate-forme qui traite de la sélection in vitro, de la variation somaclonale, du croisement interspécifique, du sauvetage d’embryons, de l’haplo-diploisation, de la mutagène et de l’utilisation des PGPR (PlanGrowth-Promoting Rhizobactéria) comme bio fertilisant.» Des appellations méconnues des profanes, mais que les spécialistes assurent de l’impact positif sur la sélection de variétés et leur culture. L’aspect de la relation changement climatique et la production du blé dur est aussi abordé. Et de soutenir que «l’irrigation reste une préoccupation de recherche qui devait être développée dans le cadre de ce réseau en focalisant les travaux sur la relation phénologie, structure de la plante et apports en eau en fonction des conditions pédoclimatiques». LOURDE FACTURE D’IMPORTATION Pour l’université, son engagement «avec les différents acteurs de la filière blé dur se veut responsable, complémentaire et efficace pour participer à l’effort national de recherche destinée à améliorer la production du blé dur sur le plan quantitative et qualitative. Et partant, 5 laboratoires de recherche impliquant 50 chercheurs et doctorants seront prêts pour ce rendez-vous». Cette journée Réseau filière blé dur est intervenue suite à la réunion du 28 mai 2016 à Alger à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) pour le lancement des réseaux de la recherche. Les recommandations qui en ont découlé serviront de base à la feuille de route qui incarne cette synergie entre la recherche et le secteur socioéconomique dont celui de l’agroalimentaire. A rappeler que le blé représente 70% des importations nationales. En 2015, on a importé 6,7 millions de tonnes, une tendance haussière. Selon les experts, il serait possible de renverser cette courbe, car nous disposons de 18 variétés de blé dur et 11 de blé tendre dont six «nées chez-nous», ainsi que de compétences pour atteindre cet objectif. La consommation de cette céréale dans le monde est estimée à 200 kg/an/habitant, selon M. Sakhri.Et à lui de mettre le doigt sur une réalité fort critiquable : «L’Algérien consomme 526 gr/j de blé alors que la moyenne mondiale est de 180 g. Nos besoins sont énormes et le gaspillage aussi. L’Algérien jette 30 millions de baguettes de pain/ jour. La politique de rationalisation des importations est aussi tributaire de changement de comportements alimentaire.» La politique agricole ambitionne l’arrêt de l’importation du blé à l’orée 2020. Le gouvernement a tracé un plan d’action, composé de 4 lignes directrices, à savoir atteindre un rendement de 80 q/h, sécuriser la production et l’améliorer ainsi que la création de grandes exploitations dans le Sud. Dans cette stratégie, le céréaliculteur est le premier maillon qui, de surcroît, bénéficie de subventions publiques. L’Etat achète la tonne de blé à 4500 DA au producteur et la revend à 2800 DA aux moulins, a-t-on appris. De ce fait, ce réseau se veut un lien direct avec cet acteur incontournable du secteur agricole aux fins de lui procurer assistance technique et scientifique pour améliorer les variétés, augmenter la production et réduire la facture d’importation, selon l’ensemble des intervenants. La collaboration de l’université avec le secteur de l’agriculture intervient à bon escient. Elle reste la voie la mieux indiquée pour optimaliser les performances dans ce domaine.
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