L’orage d’été passé, le gouvernement Bouteflika, son 18e en 18 ans de pouvoir, savoure de nouveau la paix retrouvée avec ses partenaires de l’appareil syndical UGTA et le(s) patronat(s), signataires en février 2014 du Pacte national économique et social de croissance (PNESC). Jeudi, au palais du gouvernement, et dans un huis clos quasi intégral, la réunion de préparation de la prochaine tripartite a tôt fait de dérailler de son ordre du jour en renvoyant sine die, sans motif ni explication valables, la réunion prévue initialement à Ghardaïa, le 23 septembre prochain, renvoyée, elle, à une date «ultérieure». L’heure, l’urgence, était visiblement à l’enterrement symbolique de la hache de guerre et à la photo de la famille ressoudée et bonne enfant. Dans une déclaration endossée communément par les «signataires du Pacte», les trois partenaires parlent d’une rencontre «fortement fructueuse» ayant permis d’«approfondir les discussions, renforcer l’approche consensuelle, réaffirmer l’engagement à accentuer davantage la démarche collective pour relever les défis économiques et sociaux (…)». «Nous devons impérativement rester maîtres de notre destin», insistent Sidi Saïd et associés. Comment ? «En engageant les mesures qui s’imposent, en toute souveraineté, pour amorcer une nouvelle dynamique de redressement de notre modèle économique», préconisent-ils sans préciser davantage leur plan d’austérité. La seconde partie de la déclaration — signée uniquement par Sidi Saïd, secrétaire général de l’UGTA et (sic !) pour tous les signataires du PNESC —, a viré à l’invite fervente et passionnée au président Bouteflika, personnellement interpellé : «Monsieur le Président, le dialogue social que vous avez initié, porté et réitéré dans votre message du 20 août 2017, lit-on, nous encourage et nous incite à la solidarité (…), l’unification de nos énergies pour la construction du développement de notre pays (…) en unissant nos efforts, nous sommes convaincus qu’en dépit de la délicatesse du contexte, aussi bien interne qu’externe, notre pays dispose de tous les atouts lui permettant d’envisager son avenir économique avec sérénité (…).» Les signataires du Pacte finissent en réitérant leur «attachement indéfectible», et leur «fidélité totale (…) à son Excellence le président de la République». Dans leur «déclaration commune», il n’est fait état d’aucun élément factuel en rapport à la rencontre qui venait de s’achever, aucun ordre du jour ne fut dégagé pour la prochaine tripartite et aucune raison ne fut par ailleurs avancée quant au report surprenant de la tripartite prévue à Ghardaïa. En rupture d’avec ses habituels shows, Ali Haddad, le président du Forum des chefs d’entreprise, s’est montré jeudi particulièrement réservé et circonspect. Presque effacé. Pas de prise de parole tapageuse ni de fracassante déclaration, Haddad s’est astreint à un exercice minimal de communication autour de sa rencontre avec ses partenaires du Pacte et «amis» du gouvernement, dont le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est réputé allergique aux marcheurs sur (ses) plates-bandes. Le président du FCE se contentera de deux posts circonspects sur sa page Facebook, dans lesquels il dit avoir «répondu favorablement» à l’appel au dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Considérant qu’il était «indispensable» de préserver et de promouvoir le Pacte économique et social de croissance, dans le cadre d’un dialogue permanent. «Aujourd’hui, écrit-il à la fin de la rencontre, nous avons pris part à la réunion de préparation de la tripartite pour préserver la souveraineté économique et amorcer une dynamique économique forte, conformément à l’appel de Son Excellence le président de la République.» Tard dans la soirée de jeudi, vers 23h, Ali Haddad revient, avec de plus amples détails, sur sa journée passée au Palais du gouvernement, à écouter discourir Ouyahia sur la «feuille de route» tracée par (l’hologramme) président Bouteflika. «Le Premier ministre nous a tenu informés du contenu de la feuille de route dont il avait été chargé par le président de la République, à savoir : mobiliser des financements internes non conventionnels ; évitement définitif du recours à l’endettement extérieur ; maintien du soutien à la croissance dans tous les secteurs, notamment l’industrie et les services (…).» Une «feuille de route» que le patron de l’ETRHB s’est «engagé à concrétiser» dès lors que sa participation au développement économique du pays est, pour lui, un «devoir sacré».
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