Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, marque définitivement ses distances avec la méthode Tebboune. Pour sa première sortie publique, depuis son retour à la tête du gouvernement, il critique son prédécesseur et rassure les patrons. En effet, intervenant à l’occasion de la mini réunion tripartite, tenue jeudi dernier à Alger, le nouveau locataire du Palais du Dr Saadane charge violemment Abdelmadjid Tebboune, sans le citer nommément. «L’Algérie est un Etat de droit qui s’est doté de tous les instruments juridiques pour combattre toute atteinte à la loi, en s’appuyant sur une justice indépendante. Cependant, cette tâche consiste à œuvrer à l’application des lois, y compris dans le domaine économique avec toute l’efficacité voulue», lance-t-il, en présence des responsables des organisations patronales et du secrétaire général de l’UGTA qui se sont, rappelons-le, ligués contre l’ancien Premier ministre. Ahmed Ouyahia reproche à son prédécesseur la médiatisation des mesures économiques prises et les mises en demeure envoyées aux opérateurs, dont le premier responsable du FCE, Ali Haddad. «L’application de la loi doit se faire dans la sérénité et la quiétude et non en semant le trouble et la confusion», explique-t-il. Ce faisant, le Premier ministre reproche aussi à Abdelmadjid Tebboune sa volonté de revenir au système de l’économie dirigée, en vogue avant les années 1980. «L’Algérie avait clos depuis 30 ans déjà le débat idéologique autour de la nature de son économie, une économie de marché à dimension sociale. Donc, le vrai défi réside dans l’amélioration de cette économie pour le bien-être du peuple algérien et pour préserver l’indépendance économique du pays», précise-t-il. Des gages aux partenaires Après l’estocade donnée à l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia tente de gagner la confiance de ses invités du jour. Il adresse ainsi «un message de respect et de solidarité à tous les travailleurs et travailleuses qui sont la force vive du développement national». Cette déclaration peut être interprétée comme un clin d’œil au patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Ensuite, il s’adresse aux entreprises du pays. «Toutes les entreprises établies en Algérie sont les leviers du développement du pays. Toutes ces entreprises feront donc l’objet de notre considération sans discrimination», assure-t-il. Ahmed Ouyahia fait même des promesses aux opérateurs sur la nécessaire amélioration de la réglementation régissant l’économie. «Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour améliorer le cadre de l’investissement et cultiver des relations sereines avec les entreprises», soutient-il. Rappelant que cette rencontre intervient en application de l’instruction du président Bouteflika, «adressée au gouvernement et à ses partenaires économiques et sociaux» pour qu’ils «donnent un exemple à la société en vue d’un élan de solidarité, de mobilisation et d’unité», le premier responsable du gouvernement affirme avoir reçu une feuille de route. Cette dernière, ajoute-t-il, l’oblige «à mobiliser des financements internes non conventionnels et à maintenir le soutien à la croissance dans tous les secteurs, y compris l’industrie, les services et l’agriculture tout en rationalisant la politique publique de justice sociale et de solidarité nationale».
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