Cela fait deux ans et huit mois depuis que Ayoub Sedira, âgé de 14 ans à peine, a disparu. Le 19 juin 2013, le jeune garçon était sorti acheter des glaces à quelques mètres du domicile de son grand-père paternel, situé à la cité du 1er Novembre, en plein centre-ville d’El Kouif (30 km de Tébessa, à la frontière avec la Tunisie). Depuis, il n’a plus jamais donné signe de vie. «Ce jour-là, ma famille s’était réunie pour une petite cérémonie de fin d’études pour mon fils qui venait de soutenir sa thèse d’ingéniorat. Ayoub était là. Il jouait avec des cousins avant de sortir acheter des glaces et disparaître depuis», a déclaré son grand-père, Abdelwahab. «On croyait qu’il était rentré chez son oncle qui habite au douar Rayacha à 2 km d’ici», a-t-il ajouté. La famille d’Ayoub avait, dans un premier temps, contacté ses amis et les enfants de son âge qu’il fréquentait, avant de réaliser qu’il avait vraiment disparu. Aussitôt, des recherches avaient été entamées par sa famille et ses voisins. «Des battues ont été organisées. On a cherché partout dans tous les quartiers, même dans les monts avoisinants. Nous sommes allés jusqu’à la frontière, en vain», raconte Abdelwahab. La gendarmerie a ouvert une enquête. Plusieurs personnes habitant la ville d’El Kouif ont été auditionnées. Ses photos et des articles de presse relatant sa disparition ont été diffusés sur les réseaux sociaux. Ses voisins ont placardé des affiches avec sa photo dans de nombreux commerces de la ville d’El Kouif et au chef-lieu de wilaya. Les recherches n’ont jusque-là pas abouti. Ayoub était élève en première année moyenne au CEM Bendib Bakar. Il était brillant, aimant la vie et surtout son petit frère Yassine, handicapé. Ils étaient orphelins de père depuis que la maman avait refait sa vie. Ayoub vivait entre la maison de son oncle et celle de son grand-père Abdelwahab. «Quand mon petit-fils avait classe, il passait la journée chez moi, la nuit il rentrait chez son oncle», a-t-il précisé. La fugue écartée «Rien ne prouve qu’il s’agit d’une fugue. Ayoub est encore trop jeune pour penser à quitter la maison», dit son grand-père. Depuis la disparition d’Ayoub, sa maman très malade et son frère Yassine attendent impatiemment son retour. Ils vivent dans l’espoir de le retrouver un jour sain et sauf. «Mon petit-fils a été enlevé», affirme le grand-père qui écarte la thèse de la fugue. Et de s’interroger : «Qui a intérêt à faire ça ?» D’autres enfants aussi ont disparu dans la région. Des disparitions jusque-là non élucidées. Depuis août 2015, le jeune Mohamed Basset, habitant à Ouenza, est toujours porté disparu. Qu’est-il arrivé à ces enfants ? Y a-t-il réellement une bande, composée d’Algériens et de Tunisiens, qui s’adonne au trafic d’organes derrière ces disparitions ? A Tébessa, tout le monde en parle, mais jusqu’à présent, aucune plainte n’a été déposée pour ce genre de pratique.
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