Le moins que l’on puisse dire est que le ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, en visite jeudi dernier dans la wilaya de Jijel, n’a pas du tout apprécié le taux d’avancement du projet de réalisation de la pénétrante autoroutière Djendjen-El Eulma confié de gré à gré à un groupement d’entreprises mené par les Italiens de Rizzani De Echer (RDE) et comprenant l’ETRHB de Haddad et Sapta. Récemment, avons-nous appris sur les lieux, une quatrième entreprise auprès de laquelle apparemment on voulait «sous-traiter» le tunnel de Texenna, a été intégrée dans le groupement après signature d’un avenant dans ce sens. Il s’agit de l’entreprise turque Mapa, qui est présente dans la wilaya pour un projet de l’Agence nationale des barrages et transferts. La sous-traitance a été refusée vu les clauses contractuelles qui limitent le montant à 20% du marché, a-t-on encore appris sur le chantier. Rien que les taux avancés donnent le vertige pour un projet dont la première pierre avait été posée en août 2013 par le Premier ministre Abdelmalek Sellal et dont l’ordre de service a été notifié au groupement en mars 2014, soit depuis près de 24 mois ! Pour le lot ouvrages d’art, le taux d’avancement est de seulement 8% alors que pour le lot route, le taux est encore plus faible avec un ridicule 5%. Une situation qui fera dire au wali Larbi Merzoug : «C’est dérisoire compte tenu du programme.» Le ministre, qui s’est enquis en premier lieu de la levée des contraintes, considère que sur les 45 km des 111 km que compte cette pénétrante autoroutière, «il n’y a pas de contraintes majeures». Et d’ajouter que «tout a été pris en charge notamment au niveau des ouvrages d’art et l’ensemble des contraintes sont couvertes par des contrats de déplacement». A la remarque d’un cadre de RDE soutenant qu’il y a encore des choses en cours, le ministre d’apparence mécontent du taux d’avancement des travaux sort ses propres arguments. Il dira à ce propos qu’il «faut considérer que ce qui est en cours comme étant réglé. On est venu ici pour changer les mentalités et le type d’intervention. Je ne peux pas continuer avec l’organisation actuelle». Il reconnaît la difficulté de ce genre de projet en ajoutant que dans la mise en place d’un tel projet le «démarrage est toujours difficile» en précisant «qu’il est lié au contrat, au financement, aux expropriations et aux déplacements». Ceci étant, «en parallèle», prévient-il, «il ne faut pas attendre que tout soit réglé pour intervenir» considérant «que les conditions d’un redéploiement plus conséquent des moyens, des avenants, des autorisations, la mise en place du concasseur» sont réunies et d’avertir qu’en «direction de chaque problème il faut un changement de comportement. On ne peut pas avancer avec les mentalités qui ont subsisté jusqu’à présent du côté de l’entreprise comme du côté de maître de l’ouvrage délégué de l’Agence nationale des autoroutes (Ana). Des mesures seront prises à votre niveau et au notre. Il n’est plus question de travailler selon les arguments des contraintes». Pour le ministre, la seule réponse attendue aujourd’hui est le renforcement du chantier en moyen pour que ce projet prenne sa vitesse de croisière. A titre d’exemple, l’état du matériel du groupement se trouvant sur le chantier est encore bien loin du nombre prévu. Actuellement il se trouve 8 grues mobiles sur un total prévu de 30, 48 sur 145 pelles mécaniques, 21 sur 76 bulldozers, 13 sur 91 rouleaux-compresseurs, 14 sur 26 camions-citernes, 22% des camions nécessaires travaillent actuellement et la moitié des camions malaxeurs prévus est sur chantier. Le ministre n’a pas été tendre avec les cadres de l’Ana travaillant sur ce chantier, il a exigé qu’ils soient expressément remplacés et que toute l’équipe de cette agence élise désormais domicile à Jijel et non plus à Constantine. Le ministre a demandé au groupement de ne plus «s’accrocher à des problèmes réglés», notamment en matière de sécurité, affirmant qu’il «faut désormais faire ce que dit monsieur le wali, vous n’avez pas de choses à imposer». Le ministre a aussi insisté sur l’avancement des études d’exécution et de remédier au déficit en équipement et en personnel. Et de s’étonner qu’on soit «incapable d’élaborer un planning de livraison» et de soutenir qu’il faut «dépasser le taux horaire qui doit être au moins de 2x8 heures» ; avant de terminer en disant à l’adresse du groupement : «Votre responsabilité maintenant est de nous rassurer et de nous démontrer que les moyens sont bien là et sur quel délai, car ce dernier doit être aussi celui du rattrapage du retard.»
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