vendredi 25 mars 2016

Depuis l’attaque de Kherchba, Ouargla se sent en insécurité

Revendiquée vendredi dernier par AQMI, l’attaque au mortier du site de Kherchba, dans le sud du pays, a induit à un important redéploiement sécuritaire dans la région, estimé à quelque 5000 nouveaux militaires, un renforcement des mesures de contrôle des frontières avec la Libye, le Mali et le Niger, ainsi qu’une implication renforcée des forces aériennes dans les diverses opérations menées depuis vendredi dernier à la recherche des auteurs de cet attentat qui a coûté la vie à 4 personnes et poussé les Norvégiens et les Anglais à envisager le rapatriement de leur personnel. «En janvier 2013, au lendemain de l’attentat de Tiguentourine, près d’In Amenas où un soixantaine de personnes avaient été tuées suite à une prise d’otages de plusieurs jours, les compagnies étrangères avaient demandé aux autorités algériennes de confier à chacune d’elles le soin d’assurer leur propre sécurité et celle de leurs employés», explique un employé du secteur. «Ce que les autorités ont refusé. Depuis le mois de janvier, une série d’incidents ont provoqué la crainte des habitants et travailleurs dont certains ont frôlé la mort. Des employés rentrés de chantiers proches de Teg et Reg près de Kherchba ont d’ailleurs préféré s’éloigner de la région pour un laps de temps». L’employé d’une entreprise de sécurité, en plein cœur de Ouargla, témoigne d’un événement qui s’est déroulé le 7 mars dernier, soit une dizaine de jours avant l’attentat de Kherchba. Huit personnes entièrement couvertes de chèches et de gandouras auraient brusquement fait irruption dans la base logistique de cette entreprise dont le mur d’enceinte, peu élevé, et la proximité de conteneurs ont permis aux assaillants de s’introduire par effraction dans la cour avant que l’alerte ne soit donnée par les agents de sécurité, tombés nez à nez avec ces hommes armés. «Nous n’avons pas d’armes et notre sort s’est joué en une fraction de seconde lorsqu’un des collègues a ouvert le portail, ce qui a offert aux assaillants une issue directe sur l’extérieur sans qu’il y ait heureusement effusion de sang», témoigne cet employé qui se dit «encore choqué par cet incident au cours duquel je me suis blessé au pied et dont je garde encore les séquelles.». Les éléments de la gendarmerie qui ont poursuivi le groupe terroriste ont perdu leur trace à la sortie de la zone d’activités économiques de Ouargla. Kamikaze Le lendemain, l’équipe de relève aperçoit la présence d’un gros sac noir près du mur de la base. «Un agent est monté sur le mur, il a lancé une perche d’acier pour tenter d’ouvrir doucement le sachet, croyant à une bombe, avant de constater qu’il s’agissait de déchets mis dans un carton», raconte M.T. Plusieurs mesures ont été prises depuis, notamment le renforcement des effectifs au poste de garde et l’amélioration de l’éclairage dans l’enceinte de la base, le rétablissement de la liaison téléphonique fixe avec l’armée et la gendarmerie et la mise à disposition de deux soldats en guise de sentinelles et un appel à plus de vigilance par rapport aux entrées et aux murs d’enceinte des bases. Cet événement rappelle à un autre témoin l’alerte donnée, il y a une vingtaine de jours, à propos «d’une dizaine d’hommes dissimulés sous des chèches qui auraient forcé le barrage fixe de la Gendarmerie nationale au niveau de Haoudh Berkaoui, à une dizaine de kilomètres de Ouargla». Leur signalement a été diffusé avec une mise en garde simultanément avec la relance d’enquêtes qui ont conduit à l’interpellation, dix jours plus tôt, d’un jeune de Mekhadma. Il s’agit d’un adolescent de 15 ans qui avait fait l’objet d’une première enquête en 2012 suite à l’attentat kamikaze sur le groupement régional de la Gendarmerie nationale de Ouargla. Cet attentat qui avait fait deux morts, dont un gendarme et le kamikaze, a permis d’identifier un complice toujours en fuite et l’adolescent en question qui était en contact téléphonique avec le groupe. Il était sous surveillance policière depuis. D’autres sources parlent également d’un acte de sabotage qui aurait été commis mardi sur une ligne de pipeline aux environs du champ gazier de Rhourde Echouf, à une cinquantaine de km de Rhourde Nouss, soit à 270 km de Hassi Messaoud. Il s’agit d’une fuite sur le pipeline qui a dégénéré en un incendie dont l’alerte a été donnée par des gendarmes qui effectuaient une ronde dans les parages. La thèse de l’accident a été retenue par la direction du transport par canalisation dont relève cette zone, mais une patrouille militaire a été dépêchée sur les lieux simultanément à la réparation effectuée sous les yeux d’un encadrement de haut niveau qui s’y est rendu le jour même. Fin janvier dernier, un incident similaire s’était produit à Haoudh Berkaoui, à 30 km de Ouargla, dans les parages où ont été aperçus les hommes en chèche, où une fuite sur un pipeline a provoqué une flaque spectaculaire qui s’est étendue jusqu’à la route. Un communiqué du ministère de la Défense nationale annonce l’arrestation, mercredi matin à Ouargla, d’un terroriste recherché par les services de sécurité.

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