Dans leur réponses à un à un sondage en ligne sur le site Lkeria.com, plus de 80% des internautes sont pour l’interdiction de l’avance annuelle du loyer. Les initiateurs du sondage veulent que le parlement agisse en faveur de cette interdiction en amendant le code civil. Le responsable du site spécialisé dans l'immobilier a bien voulu répondre à quelques questions d’ElWatan.com. Pourquoi avoir lancé un sondage en ligne sur le payement annuel du loyer qui est devenu justement systématique sur le marché de l’immobilier ? Nous préparons une proposition d’amendement du code civil pour l’interdiction de l’avance annuelle du loyer pour les locaux à usage d’habitation que nous comptons envoyer aux deux chambres du parlement dès l’ouverture de la session début mars. Nous étions convaincus que l’avance annuelle de loyer pesait lourdement sur les locataires, qui se trouvent abandonnés face à cette pratique mais nous avions besoin de le confirmer. Le sondage que nous avons lancé a confirmé notre sentiment, 82% des 2557 sondés sont pour l’interdiction de l’avance annuelle des loyers et le débat sur facebook était très intéressant. On n’a pas besoin d’être expert pour comprendre que le marché de l’immobilier et surtout celui de la location est une jungle… Ce n’est pas vraiment une jungle, mais il existe des zones d’ombre qui assombrissent le quotidien de millions d’algériens dont l’avance de loyers. Nous avons besoin que l’Etat encadre mieux le marché de l’immobilier en générale et le marché de la location en particulier, car nous pensons à Lkeria.com que la solution à la crise de logement en Algérie est la démocratisation de la location, tout le monde ne peut pas être propriétaire. Vous dites qu’un quart de la population Algérienne vit en ayant recours à la location. C’est tout de même énorme… Nous avons un parc locatif estimé à plus de 2 millions de logements, en se basant sur la dernière statistique sur le TOL (Taux d’Occupation des Logements) on est à 4,7 par logement, soit prés de 10 millions d’algériens qui habitent des logements loués, ce qui représente le 25% des ménages, et ce ne pas énorme comparé à un pays comme la France qui compte 40% de ménages locataires ou à la Suisse où cette proportion atteint 54%. Que pensez-vous de la réglementation en vigueur sur le marché de l’immobilier, notamment celui de la location pour rester dans notre sujet ? Plusieurs aspects de la location des biens immobiliers ne sont pas réglementés. Toutefois la législation qui régit ce domaine demeure le code civil dont le dernier amendement remonte à février 2005, les amendements apportés en 2005 ont permis l’émergence d’un marché locatif à travers plusieurs mesures visant la sécurisation des propriétaires. Cette législation mérite d’évoluer puisqu’elle ne répond plus aux besoins actuels de la société algérienne qui s’ouvre de plus en plus sur la location depuis les augmentations des salaires qu’a connu le pays en 2008, le moment est venu afin de sécuriser les locataires. Par ailleurs, les mesures prévues par la réglementation à la faveur du marché de location demeurent inconnues à l’instar des exonérations octroyées au titre de l’impôt sur le revenu locatif qui atteignent 100% lorsque la surface du logement est inférieure à 80 m². Pour revenir aux prix de la location immobilière et des transactions immobilières en général, des agents immobiliers ont tendance à expliquer les prix sur la base d’une logique appelée « spéculation ». Pouvez-vous nous expliquer cet aspect des choses ? Certes la spéculation a bien profité du vide juridique qui existait mais ce phénomène perd du terrain. La loi de finances pour 2016 a multiplié par quatre la taxe foncière pour les terrains non construits. L’obligation de passer par la banque pour les transactions immobilières de plus de cinq (5) millions de dinars a refroidi les ardeurs des spéculateurs. Cependant, l’Etat peut mieux faire en instaurant le droit de préemption sur toutes les transactions immobilières et en réactivant la taxe sur la plus value qui sera un vrai obstacle pour les spéculateurs. Selon vous, sur quelle base fixe-t-on les prix de la location et de la vente, si ce n’est pas sur la base de la loi de la spéculation ? Aujourd’hui la seule règle qui détermine les prix des baux de location est la loi de l’offre et de la demande. Comme je l’ai déjà expliqué, la spéculation et le blanchiment d’argent n’ont plus de place sur le marché immobilier en Algérie. On a longtemps parlé de cette fameuse « bulle » immobilière qui ne fait que grossir et qu’un jour, elle finira par éclater et pour qu’enfin, on verra les prix de l’immobilier chuter. Vous validez cette éventualité? Si la situation financière du pays ne s’améliore pas on risque de voir le taux de l’inflation dépasser les 10%, ce qui aura une conséquence directe sur les taux d’intérêt des crédits immobiliers, ce qui bloquera le marché immobilier et risque de mettre en difficulté plus d’une banque. Pour que la bulle éclate il faut que la crise dure encore 2 ou 3 années, d’ici là ça ne risque pas de se produire.
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