En pleins travaux de rénovation, le complexe sidérurgique d’El Hadjar risque le black-out total le 31 mai. L’usine doit à la société de distribution de l’Est (SDE), filiale de Sonelgaz, 1 042 972 287,80 DA dont 860 407 195,42 DA en électricité et 182 565 092 38 DA en gaz, soit près de 10 millions de dollars, avons-nous appris de source sûre. Initiateur de cette campagne de recouvrement, Ladjal Mourad, directeur général de la SDE, a décidé de couper l’énergie à l’entreprise sidérurgique, entre autres institutions, si cette ardoise n’est pas effacée d’ici la date butoir. Qui procédera au règlement de cette facture salée, sachant que le complexe sidérurgique d’El Hadjar se débat dans une crise financière jamais vécue auparavant ? Certainement pas Mittal Lakshmi, le président du groupe mondial ArcelorMittal, qui a trompé l’Algérie, laissant derrière lui des arriérés estimés à 500 millions de dollars et un directeur général expatrié à l’usine d’El Hadjar qui, jusqu’à hier, perçoit son mirobolant salaire en devises. Annoncée en octobre 2015 en grande pompe par le ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb, et le PDG d’Imétal, Kamel Djoudi, la récupération des actifs d’ArcelorMittal en Algérie s’est avérée un échec cuisant. Bien qu’un plan d’investissement de près d’un milliard de dollars ait accompagné cette décision, sept mois après, les installations sont à l’arrêt et les sidérurgistes sont pratiquement en chômage technique. Au fil des mois, les engagements se sont avérés un simple effet d’annonce. Le complexe d’El Hadjar est toujours dénommé ArcelorMittal Algérie (AMA) et son registre du commerce est au nom de AMA. Ce qui implique logiquement que le partenaire étranger détient toujours 49% des actifs et Mukund Kulkarni est le directeur général de l’usine. Mieux encore, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) que préside Abdelmalek Sellal n’a pas, jusque-là, validé officiellement la reprise des actions d’ArcelorMittal par la partie algérienne. Ainsi, le complexe n’a rien produit. Pis encore, la direction générale arrive difficilement à assurer le salaire des travailleurs, estimé à 500 millions de dinars. En outre, le nouveau conseil d’administration, validé récemment, est composé de cadres qui n’ont rien à voir avec la sidérurgie et ses problèmes, alors que d’autres, connus pour leur perspicacité dans le domaine, chôment. Les multiples annonces de remise en marche du haut fourneau (HF), toujours à l’arrêt, et la valse des entreprises étrangères chargées de sa rénovation, sont la preuve irréfutable d’une stratégie mal réfléchie. A cela, il faut ajouter le non-paiement depuis un an des entreprises publiques sous-traitantes dont l’enveloppe financière est choquante. Après le départ de Ferretti (entreprise italienne qui était en charge de la rénovation du HF) c’est la société belge Pirson qui a pris le relais depuis deux semaines, sous les ordres de l’entreprise Paul Wurth qui demeure toujours le chef de projet ayant l’entière responsabilité en termes d’engineering, d’approvisionnement et de gestion de construction. Grandeur et décadence d’un fleuron de l’industrie nationale qui faisait la fierté du pays. Grandeur lorsque ce complexe produisait plus d’un million de tonnes d’acier liquide avant le partenariat avec ArcelorMittal, en 2001. Décadence quand on annonce en grande pompe, dans la publication de l’usine, la remise en marche de deux camions en panne, l’un, multibennes et l’autre à scories. Ainsi, si mardi prochain les arriérés de la SDE ne sont pas assainis, l’opération de rénovation du complexe sera interrompue. A moins que l’Etat ne mette encore une fois la main à la poche, au grand dam des contribuables, pour colmater les éternelles brèches financières de l’usine.
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